Unsite pour tous, fait par des Pieds Noirs pour enrichir le débat, responsable de ce qu'il écrit mais pas de ce que vous comprenez. Un bataillon mixte d'étapes fut constitué dans les premiers mois de 1917 avec des éléments provenant du dépôt du 8e Tirailleurs à Bizerte et embarqué à destination de Salonique.
Lorsque débute la Seconde Guerre mondiale, la France compte sur son Empire. Comme elle l’avait fait en 1914, elle a mobilisé, dès 1939, ses soldats de l’outre-mer, qu’il s’agisse des troupes venues de l’Afrique du Nord, c’est-à-dire des trois Etats du Maghreb central » Algérie, Maroc, Tunisie, c’est l’armée d’Afrique, ou de celles issues du reste des colonies, ce sont les troupes coloniales. L’Empire aux cent millions d’habitants a délégué les meilleurs des siens à la défense de ses frontières », claironne la presse Le Miroir du 28 janvier 1940. L’Empire à la rescousse C’est ainsi qu’en mars 1940, selon le ministère de la Guerre, 10 000 militaires indochinois se trouvent en France même, aux côtés de 10 000 Malgaches et de 68 500 soldats de l’Afrique noire. Les troupes d’Afrique du Nord atteignent à la même date 340 000 hommes, presque quatre fois plus ! C’est dire l’importance déjà toute particulière de l’engagement des musulmans » comme on appelait alors les uns et des pieds-noirs » comme on appellera bientôt les autres. Comme en 14 A la veille du premier conflit mondial, la France compte beaucoup sur la force noire » c’est le titre même d’un ouvrage publié en 1910 par le colonel Mangin, qui, devant une métropole en plein déclin démographique, ne voit de salut que dans les trois Afriques, provinces de la plus grande France, celle qui va de la mer du Nord aux bouches du Congo », en clair le Maghreb, l’AOF et l’AEF. La plus grande partie des recrues est alors composée d’engagés, volontaires en théorie, souvent enrôlés de force à l’exception des Français du Maghreb. Dès août 1914, la majeure partie des contingents coloniaux est dépêchée vers le front. Selon les sources, les colonies fournirent de 535 000 à 607 000 soldats, auxquels s’ajoutaient les 4000 Français des colonies et les 73 000 Français d’Algérie recrutés. Dans l’effort de guerre, il convient d’ajouter quelque 300 000 travailleurs coloniaux », dont un bon tiers venant d’Algérie ou total, c’est donc près d’un million d’hommes que la mère-patrie » a prélevés outre-mer. La propagande allemande fustige d’ailleurs ce qu’elle appelle le cirque ethnique de nos ennemis », pour reprendre le titre d’un livre paru en 1917 sur les troupes coloniales françaises et britanniques. A quelques exceptions près, ces indigènes » n’avaient pas le droit de vote. Leur participation ou conflit et le très lourd tribut payé en vies humaines vont susciter, au moins chez certains d’entre eux, une double réaction la désillusion à l’égard d’une civilisation capable d’une telle boucherie, en même temps que le sentiment de droits durement acquis pour l’avenir. Dès septembre 1917, dans les colonnes de L’Indépendant sénégalais, Galandou Diouf futur député du Sénégal, revendiquait l’égalité dans la société, comme dans les tranchées devant la mort ». Les troupes d’outre-mer venues combattre en France, du mois de septembre 1939 à juin 1940, se subdivisent en deux branches les divisions d’infanterie nord-africaines DINA, et les divisions d’infanterie d’Afrique DIA. Il faut revenir d’emblée sur certaines affirmations les troupes coloniales ne furent pas systématiquement mises en avant et l’on procéda, au contraire, à la création de régiments mixtes. Reste que les tirailleurs sénégalais et maghrébins engagés sur le sol de la métropole se trouvèrent passablement décontenancés le climat et le terrain leur étaient totalement étrangers et surtout, ils vont bientôt être les témoins et les acteurs de ce que l’on a appelé la drôle de guerre », avant d’être eux-mêmes emportés dans la tourmente. La drôle de guerre » Suivons par exemple l’itinéraire de combat de la 2e DINA en mai-juin 1940, composée des 13e tirailleurs algériens, 22e tirailleurs algériens, 11e zouaves, et 6e tirailleurs marocains. Le 10 mai, la division franchit la frontière belge, à pied, au nord-est de Montagne-du-Nord et de Condé-sur-Escaut ; deux bataillons s’installent sur la Dyle. Le 15, la position est attaquée, et Ottignies perdu. Le 16, le repli s’opère, après une bataille acharnée. On est sur le champ de bataille de Waterloo, les tirailleurs tentent de tenir, mais devant la puissance de feu allemande, le 17 mai, à 22 heures, leur parvient l’ordre de se retirer derrière l’Escaut, de nuit, par les ponts de Mortagne et de Bleharies. Le 24 mai, regroupée vers Flines-les-Râches, la division tente de s’opposer à la ruée allemande sur Lille. Le 27, elle se trouve encerclée à Haubourdin, fait une percée deux bataillons seulement du 22e tirailleurs algériens et divers détachements isolés réussissent à atteindre Dunkerque la division a été capturée en grande partie à Haubourdin. De petits détachements de toutes les unités de la 2e DINA s’embarquent à Malo-les-Bains le 30 mai, et gagnent l’Angleterre. Ils sont renvoyés en France et tous capturés ou tués près de Falaise, le 18 juin 1940... Sur la fin de cette drôle de guerre », qui fit 85 000 morts en moins de quarante jours, les troupes coloniales et l’armée d’Afrique ont payé un lourd tribut. Les Allemands, s’agissant de combattants africains, faisaient peu de prisonniers. Près de 30 000 combattants originaires de l’AOF et de l’AEF y ont perdu la vie, dont quelques milliers furent sommairement exécutés au mépris des conventions internationales, parce qu’ils étaient d’une autre couleur de peau le massacre le plus important a lieu à Montluzin, près de Lyon, où, le 19 juin, les Allemands abattent à la mitrailleuse deux cents tirailleurs. Certains des rescapés entrèrent immédiatement dans la clandestinité au moment du débarquement, quand les maquis se découvriront, on s’apercevra que, dès 1940, dans une trentaine de départements, des évadés s’étaient intégrés à des groupes de la Résistance. C’est ainsi qu’une cinquantaine de tirailleurs sénégalais prendront une part active aux combats du Vercors lors du défilé dans la cité rhodanienne, cet escadron sénégalais » sera particulièrement ovationné par la population. A l’issue de la drôle de guerre », les pertes des unités coloniales engagées avaient atteint, selon le secrétariat d’Etat aux Colonies de Vichy, 23% parmi les Indochinois, 29,6 % parmi les Malgaches et 38 % chez les tirailleurs dits sénégalais ». Pour les Maghrébins, le nombre des morts s’élevait à 5 400. L’armée de transition Après la débâcle et l’armistice, beaucoup d’officiers sont prisonniers. Pour ceux qui ne le sont pas, il n’y a pas de réponse claire, quant à la conduite à adopter pour certains, l’honneur implique de poursuivre le combat aux côtés du général de Gaulle, mais la grande majorité considère comme primordiales la discipline et l’obéissance au maréchal Pétain, héros national ». Ils veulent garder une armée active, dans l’éventualité d’avoir à réprimer une révolution intérieure en France même ou des poussées anticoloniales dans l’Empire. Les Allemands consentent à laisser à la France une armée en métropole et une autre armée en Afrique du Nord. Le général Weygand est nommé commandant en chef, puis délégué général du gouvernement de Vichy en Afrique du Nord. Ses subordonnés s’appellent Juin à Rabat, de Lattre de Tassigny à Tunis, Koeltz à Alger. Vichy s’assure ainsi une armée d’Afrique de 100 000 hommes, plus 20 000 travailleurs militaires » pour l’AFN et 33 000 hommes pour l’AOF un régiment de tirailleurs, un groupe d’artillerie, un régiment de cavalerie et des unités de service. Or, en maintes occasions, Weygand et ses subordonnés résistent aux Allemands, qui réclament l’utilisation de bases aériennes en Afrique du Nord, l’occupation préventive de la Tunisie contre une intervention britannique ou l’octroi de facilités à Dakar. En novembre 1941, les Allemands exigent le départ de Weygand et de de Lattre, mais Juin, qui les remplace, restera fidèle à l’esprit de ses prédécesseurs. Du côté des serviteurs coloniaux de l’Empire », bon nombre des hommes de troupe, dans un premier temps, n’ont guère compris le sens d’une guerre qui reste pour eux étrangère », ni, a fortiori, la lutte qui va opposer deux légitimités, l’une siégeant à Vichy et l’autre réfugiée à Londres. C’est avant tout le drapeau du régiment que servent et suivent ces soldats. Avec une indéniable loyauté, mais sans état d’âme. Ainsi, dans l’été 1940, 80 000 hommes gardent l’AOF, demeurée fidèle au gouvernement de Vichy, tandis que 15 000 volontaires de l’AEF se rallient à la France libre. La France libre en Afrique De son côté, le général de Gaulle avait demandé, dès le 19 juin 1940, aux représentants de l’Empire de poursuivre le combat aux côtés de l’Angleterre. Très vite, en cet été 1940, le Tchad, le Cameroun. le Congo, l’Oubangui-Chari, se rallient à la France libre ainsi que la Nouvelle-Calédonie et Tahiti. Le 27 octobre, de Gaulle crée, à Brazzaville, le Conseil de défense de l’Empire, contre Vichy. La première victoire importante des Forces françaises libres FFL sera une victoire africaine » le 1er mars 1941, partie du Tchad, la colonne Leclerc fait capituler la garnison italienne de l’oasis de Koufra, en Libye. Ces Forces françaises libres, principalement composées d’éléments coloniaux et de la Légion étrangère, comprennent un bataillon de tirailleurs algériens et un régiment de marche de spahis marocains. Leurs victoires iront se poursuivant, de l’Erythrée au Fezzan, jusqu’à celle de Bir Hakeim contre l’Afrika Korps du général Rommel. Pourtant, au Levant, en avril 1941, ces combattants de la France libre ont dû affronter dans des luttes fratricides les 4 000 tirailleurs sénégalais de l’armée vichyssoise. Zn 1941, ces tirailleurs sénégalais vont grossir les troupes de la France libre, Pour la défense de l’Empire ». Le débarquement en Afrique du Nord Le 8 novembre 1942, les forces alliées, britanniques et américaines, débarquent en Afrique du Nord opération Torch. Ce débarquement et l’occupation des grandes villes du Maroc et de l’Algérie créent un véritable choc chez les officiers français favorables à Vichy. Les batailles de Midway, dans le Pacifique, et d’El-Alamein, en Egypte, ont été gagnées par les Alliés, Stalingrad apparaît comme une défaite catastrophique pour les Allemands, tandis qu’en France la zone libre est occupée et que la flotte se saborde à Toulon. L’époque de Vichy est révolue l’armée d’Afrique doit maintenant redevenir l’épée de la France », pour reprendre une expression chère au général de Gaulle, capable, le moment venu, de libérer le sol de la patrie et de lui assurer une place dans les conseils alliés. A partir de novembre 1942, la bataille de Tunisie engage contre l’Axe l’ensemble des troupes d’outre-mer réunifiées. C’est l’armée d’Afrique qui supporte le poids des premières opérations. Fournissant l’essentiel de l’infanterie, mais disposant d’un matériel encore insuffisant, elle subit de très lourdes pertes de novembre 1942 à mai 1943, pour un effectif de 80 000 hommes, 5 187 tués dont 3 458 Nord-Africains et 7 343 blessés dont 4 900 Nord-Africains. Venant d’Egypte et du Tchad, les FFL, qui comptent environ 20 000 hommes intégrés à la 8° armée britannique, opèrent la jonction dans le Sud tunisien, le 18 mars 1943. Malgré ces six mois de combat commun, une certaine animosité demeure, comme en témoignent les cérémonies du 20 mai à Tunis, où le 19e corps d’armée d’Alger et les FFL défilent séparément. Mais les rancunes iront décroissant, sous le feu des combats communs et après la création, au début de juin 1943, du Comité français de la libération nationale CFLN, placé sous la coprésidence de de Gaulle et de Giraud. Un effort très important est alors exigé des populations d’Afrique du Nord. Pour compléter les effectifs des corps de troupe, vingt classes 1924-1944 sont mobilisées. La libération de la Corse et la campagne d’Italie Après la victoire en Tunisie, les Africains » sont lancés dans les débarquements en Sicile et en Corse, puis dans la rude campagne d’Italie. Si seul le 4e tabor marocain participe aux opérations de Sicile, la libération du département de la Corse opération Vésuve fait intervenir des moyens un peu plus importants le 11 septembre, débarque à Ajaccio un bataillon de choc, suivi par 6 000 hommes de troupes de montagne marocains. C’est au cours de ces opérations que s’établissent les premiers contacts entre l’armée de libération et les maquis de France. Le corps expéditionnaire français CEF en Italie est placé sous la direction du général Juin. Outre la Ire DMI division motorisée d’infanterie, ex-lre division des Forces libres, il comprend trois divisions la 2e DIM division d’infanterie marocaine, la 3e DIA division d’infanterie algérienne et la 4e DMN division marocaine de montagne. A priori, le CEF ne doit tenir qu’un rôle effacé il est intégré à la 5e armée américaine du général Mark Clark, dont l’intention est de n’utiliser les troupes françaises que comme forces supplétives, disséminées parmi les unités américaines. Il en ira finalement tout autrement. Sans entrer dans le détail des opérations, il faut souligner le rôle capital de ces divisions. En effet, en janvier 1944, les Alliés anglo-américains piétinent devant la ligne de défense allemande ancrée sur le massif des Abruzzes ligne Gustav. Or les divisions du CEF sont parfaitement rompues à la guerre de montagne, elles vont pouvoir lancer, du ler au 16 mai, une attaque décisive. Ainsi la 4e DMM possède la même puissance de feu que les autres divisions, mais elle est dotée d’un train muletier de 6 400 bêtes et de sections d’enchaîneurs muletiers. Ces éléments lui permettront de passer là où les jeeps elles-mêmes sont arrêtées, de franchir des obstacles considérés comme inviolables. De piton en piton, du Petrella 1 535 m au Revolle 1285 m, du nid d’aigle de Campodimelo à Lenola, elle ouvre le chemin de Rome. Regroupée avant son départ pour la France, la division laisse 74 officiers et 1 538 sous-officiers et soldats dans les cimetières de la péninsule. Les pertes globales des Africains » en Corse et en Italie sont de 6 255 tués, dont 4 000 Nord-Africains et de 23 000 blessés, dont 15 600 Nord-Africains. Le débarquement de Provence A la veille du débarquement de Provence d’août 1944, l’effectif global de l’ensemble de l’armée de terre française FFI non compris, est de quelque 550 000 hommes. On y trouve réunis les contingents de la France libre 50 000, les évadés de France via l’Espagne 15 000, les enrôlés de la Corse libérée 13 000, les contingents de l’Afrique noire 80 000, et enfin plus de 400 000 hommes originaires de Tunisie, d’Algérie et du Maroc. Pour être plus précis en ce qui concerne l’Afrique du Nord, au ler novembre 1944, on décompte, en reprenant la terminologie de l’époque, 176 000 Français » sous les drapeaux, et 233 000 musulmans ». Une majorité de ces hommes est issue de la conscription appelés et rappelés forment 72% du total des Français recrutés et 54% des Maghrébins. Le 16 août 1944, les troupes coloniales débarquent sur la plage de Cavalaire ; elles y retrouvent les soldats de l’armée d’Afrique, dont une partie a été ramenée directement d’Italie. Sous le commandement du général de Lattre de Tassigny, ces soldats qui, avec les Alliés, s’emparent des plages de Provence pour ouvrir un deuxième front, après celui de Normandie, vont jouer un rôle essentiel, en bousculant la défense allemande à Hyères, dans l’île de Porquerolles, la presqu’île de Giens, à Solliès-Pont, et devant Toulon, puis devant Marseille. Ainsi, la 3° DIA division d’infanterie algérienne, avec à sa tête le général de Monsabert, entre la première dans Toulon, se précipite sur les avancées de Marseille, y pénètre en plein chaos la montée » de Notre-Dame-de-la-Garde lui livrera la ville, le 29 août. Pieds-noirs et Musulmans sous les drapeaux L’Afrique du Nord connut un effort de mobilisation considérable la contribution française » et musulmane », pour reprendre !a terminologie de l’époque, atteignait respectivement 176 500 et 233 000 personnes sous les drapeaux au 1er novembre 1944. Le nombre des Français » représente plus de 6% de la population dite des pieds-noirs » l’expression, d’abord appliquée aux viticulteurs qui avaient planté des ceps très noirs provenant de Cafifornie, sera étendue par la suite à l’ensemble des Français d’Algérie, d’origine essentiellement sud-européenne. Sur la base d’une population de 40 millions d’habitants, ce pourcentage se serait traduit pour la France métropolitaine par la levée de 6 millions et demi d’hommes ! Le nombre des musulmanss », plus élevé, ne représente cependant que 1,6 % de la population indigène totale. C’est que le système de le mobilisation est pour eux plus aléatoire au Maroc, on recrute seulement par engagement, alors qu’en Algérie et en Tunisie, on procède, en outre, à un tirage au sort parmi les recensés bons pour le service, dans la limite des contingents fixés. On comptait 134 000 Algériens, 73 000 Marocains et 26 000 Tunisiens. A propos du coudoiement exemplaire au combat entre coloniaux » et indigènes » , l’historien pied-noir Jean Pélégri a écrit Trois ans de gamelles, de boue, des périls partagés, des compagnons morts ici ou là, en ltalie, sur les côtes de Provence, en Franche-Comté, dans les plaines d’Alsace la fraternité des ormes, au rique de faire sourire certains, n’est pas une vaine expression quand la guerre parait juste. [...] Mais, au retour, pour les Algériens, après cette grande épopée, ce fut le retour à zéro, la non-citoyenneté, quand ce n’était pas, comme dans le Constantinois, les armes retournées contre eux. [...] Un sang versé pour rien, des morts inutiles, et, à tout jamais perdue, la dernière chance de vivre ensemble. » Les soldats de la plus grande France » Les soldats en provenance d’Afrique ont ainsi fait preuve de courage, d’ardeur et de discipline dans les combats pour la libération de la France. Cultivateurs de Casamance, fellahs du Rif ou des Aurès, jeunes Tunisiens, Malgaches, Tchadiens, Togolais, montagnards ou gens de la plaine se sont trouvés arrachés à leurs champs et jetés dans la fournaise. En un sens, c’est la vieille tradition de l’armée d’Afrique, forgée au XIXe siècle par les conquêtes coloniales, qui se perpétue. Solidement encadrée par des officiers français, l’armée était aussi l’occasion pour le colonisé de sortir de son milieu social, de découvrir d’autres horizons, de s’émanciper de sa condition d’indigène, de prouver sa valeur guerrière. Mais à ces facteurs hérités du passé sont venus s’ajouter d’autres motivations. La Seconde Guerre mondiale a remis en cause l’équilibre politique et économique existant entre les puissances coloniales et leurs possessions d’outre-mer. La propagande des courants nationalistes se propage. Vaincue en 1940, la France a montré sa fragilité aux yeux de ses colonisés. Pour ceux-ci, libérer la France, c’est lui demander de tenir compte de leur spécificité, voire préparer leur propre émancipation. Les mots d’ordre de lutte contre le fascisme, contre le nazisme, ont de profondes résonances dans les motivations des soldats de l’armée d’Afrique et de l’armée coloniale. L’Empire traditionnel français est menacé. Au risque de disparaître, il doit se renouveler. Là est le sens de la conférence de Brazzaville 30 janvier-8 février 1944, où, pour la première fois, il sera question d’ émancipation ». Malgré de fortes réticences, une volonté de changement s’affirme. Tous ces éléments, conjugués, donnent aux soldats de la grande France » un moral élevé. La France libérée Après la libération de Marseille, une fraction des troupes françaises s’engage à l’ouest, vers le Languedoc, tandis que la plus grande partie remonte la vallée du Rhône avec sur son flanc droit les divisions US, fonce sur Arles, Avignon, s’empare des ponts pour libérer les maquis de l’Ardèche, et, enfin, atteint Lyon, libéré le 3 septembre 1944. Le 12 du même mois, à Nod-sur-Seine, un village entre Châtillon et Dijon, la jonction est réalisée avec la 2e DB débarquée en Normandie. Entre-temps, Paris a été libéré, avec la capitulation de la garnison allemande, le 25 août. Un régiment de marche des Nord-Africains de Paris, composé d’anciens prisonniers - il compte même dans ses rangs un Egyptien et un Syrien ! - détenus à Versailles depuis le début de la guerre et libérés par les résistants, participe à la libération de la capitale. L’ennemi s’étant ressaisi, la progression se ralentit. Le commandement allié met en place un dispositif qui entraîne un étirement des troupes françaises, des Vosges à la FrancheComté. Le 14 novembre, de Lattre entreprend de s’emparer de Belfort, ce qui ne sera fait que le 28, tandis qu’au nord, la 2e DB, commandée par Leclerc, libère Strasbourg le 23 novembre. L’armée d’Afrique, qui supporte une grande part des combats, est exténuée. La relève ne porte que sur les contingents d’Afrique noire environ 20 000 hommes réputés, depuis la Première Guerre mondiale, ne pouvoir supporter la rigueur des hivers européens. On épiloguera longtemps sur les raisons qui amènent au désengagement des troupes d’Afrique noire, à la veille de l’hiver 1944-1945. Il y aura, chez ces soldats retirés du front, une grande déconvenue, aggravée par les difficultés administratives qu’ils rencontreront pour faire reconnaître leurs droits une fois revenus dans leur pays. Goumiers traversant un village d’Alsace. Privée de relève, épuisée, l’armée d’Afrique affronte la résistance acharnée des troupes allemandes dans les Vosges et dans la plaine d’Alsace, puis une double contre-offensive ennemie dans les Ardennes et depuis le Palatinat, en direction de l’Alsace du Nord. Selon de Lattre, à la mi-décembre 1944, les pertes morts, blessés, malades et disparus s’élèvent à 30 % chez les tabors marocains et à la 4e DMM, à 50 % à la 2e DMM et 9e DIC, et atteignent même 109 % à la 3e DIA ce dernier pourcentage s’explique par le fait que tous les hommes de la division ont été au moins une fois blessés ou malades entre août et décembre 1944. Pourtant, ces troupes d’Afrique trouvent la force de résister à la contre-offensive allemande, puis de participer au passage du Rhin. Le 20 janvier 1945, le 1er corps d’armée repart à l’attaque entre Thann et Mulhouse, avec deux divisions marocaines, la division coloniale et la 1ère DB dans des conditions atmosphériques épouvantables tempêtes de neige, verglas, thermomètre descendant jusqu’à -30°. Des combats acharnés se déroulent dans la neige, au milieu des champs de mines, face à des contre-attaques allemandes appuyées par des chars lourds. L’ardeur et l’opiniâtreté des troupes d’Afrique finissent par l’emporter. Le 4 février, la 4e DMM tend la main à la 12e division américaine venant de Colmar. Tandis que le 2e corps d’armée monte la garde sur le Rhin » [1] , le ler corps d’armée court au Danube, qu’il atteint le 21 avril, dans la région de Tuttlingen. Le 6 mai, la 2e DIM est à la sortie du tunnel de l’Arlberg. C’est la fin de la guerre. Le 8 mai 1945, de Lattre appose à Berlin le paraphe d’un Français au bas de l’acte de reddition des armées hitlériennes vaincues. C’est nous, les Africains... Le colonel Rives, qui fut à la tête du 16e régiment de tirailleurs algériens, a écrit Les coloniaux se sont couverts de gloire pour la France libre si la 2e DB qui a débarqué en Normandie était composée exclusivement d’Européens, ce sont eux, les coloniaux, qui fournirent les 2/3 des troupes à Bir Hakeim, 70 % lors de la campagne d’Italie, du débarquement de Provence. Ce sont eux qui ont pris Toulon, Hyères, Marseille, Strasbourg. » Les pertes globales de la lre armée, en France et en Allemagne, se sont élevées, du 15 août 1944 au 8 mai 1945 à 9 237 tués, dont 5 260 Nord-Africains, et à 34 714 blessés, dont 18 531 Nord-Africains. Et pourtant... Au moment où s’affirme la victoire contre le nazisme, Gaston Monnerville, qui était né en Guyane, proclame, le 25 mai 1944 Sans l’Empire, la France ne serait qu’un pays libéré ; grâce à son Empire, elle est un pays vainqueur ». A la fin de l’année, le ministre René Pleven assure En ce moment la France est sans doute plus consciente qu’elle ne l’a jamais été de la valeur de ses colonies ». L’image de la France sauvée par ses colonies est ainsi enracinée dans bon nombre d’esprits. D’un côté, le régime pétainiste avait refusé de poursuivre le combat à partir de l’Empire et s’était compromis dans la collaboration avec l’Allemagne nazie ; de l’autre, la France libre s’est appuyée sur l’outre-mer pour reconquérir la métropole. Le bataillon des tirailleurs algériens, le 11 novembre 1945, sur les Champs-Elysées. Les raisons d’un blanchiment A partir d’octobre 1944, la majorité des troupes noires est progressivement retirée de la zone des opérations. Le commandement évoque le manque d’endurance au froid de ces soldats noirs ; cette raison peut recouvre une autre, d’ordre tactique, liée à l’utilisation traditionnelle de ces combattants aptes à fournir un violent et décisif effort dans le choc, assureraient-ils aussi bien le combat statique de position que l’on prévoit? En fait, pour expliquer ce désengagement, d’autres causes sont aussi à retenir. Siéger à la table des vainqueurs implique de montrer que le dernier effort de guerre repose, non plus seulement sur le concours de l’Empire, mais sur une armée métropolitaine reconstituée, capable de tenir son rang en Europe. La volonté de mettre au combat contre l’Allemagne le plus rapidement possible les 50 000 hommes des meilleures troupes FFI, et de mieux les contrôler, en les intégrant au plus vite dans l’armée régulière, n’est pas étrangère à l’ escamotage » des contingents à cette raison de haute politique les premières inquiétudes quant à la fidélité des troupes coloniales. Déjà spectatrices des querelles intestines franco-françaises depuis juin 1940, elles ont trouvé une métropole exsangue, où les troupes alliées jouissent d’un grand prestige. A la différence de la Première Guerre mondiale, où la ségrégation raciale était encore très forte dans l’armée américaine, les tirailleurs sénégalais découvrent en 1944, dans les unités américaines, des Noirs qui sont chefs de char ou aviateurs. Enfin le prix du sang versé suscite une juste revendication d’égalité, en écho avec le monde nouveau annoncé par de Gaulle à Brazzaville. Un retrait, on le voit, bien plus politique et psychologique que lié à des impératifs climatiques cela explique qu’il se fit sans gloire, sans cérémonies officielles, à la sauvette ». Amertume et sentiments d’injustice Mais derrière les discours officiels, très vite, s’opère un processus de reconstruction de la mémoire nationale, qui évacue l’effort décisif de l’armée d’Afrique. Dès septembre 1944, le général Moll, chargé du bureau FFI de la 1ère armée, ne relevait-il pas déjà Malgré la sollicitude des cadres français qui connaissent l’indigène et l’aiment, le moral du Marocain n’est pas bon, celui de l’Algérien est mauvais. Une amertume certaine est en train de se muer en colère sournoise. Quant aux Français, ils déplorent le fossé qui ne se comble pas entre eux et les FFI, entre l’armée d’Afrique et la nation ». Les contingents issus de l’armée d’Afrique s’étonnent alors du petit nombre de métropolitains venus les renforcer dans les dures batailles des Ardennes, de l’Alsace, en Allemagne ; ils se plaignent du manque de permissions, eux qui n’ont cessé de combattre, depuis la Tunisie, l’Italie, la Provence ; ils ne comprennent pas, en face des éloges prodigués aux FFI, le silence que l’on fait autour de leurs sacrifices. Les Maghrébins, les plus nombreux dans l’armée d’Afrique, se sentent ébranlés dans leurs représentations de la France ils ont vu la défaite de 1940, ils ont pu mesurer la supériorité matérielle et technique des Américains. Ils se montrent sensibles au nationalisme qui se propage Manifeste du peuple algérien de Ferhat Abbas, en avril 1943 ; Manifeste de l’Istiqlal [parti de l’indépendance] au Maroc, en janvier 1944. Ces soldats du Maghreb, de retour chez eux, voient la misère matérielle qui frappe durement les campagnes, amertume et déception les guettent, lorsqu’il leur viendra à l’idée de réclamer les mêmes droits de citoyenneté que les Français d’Afrique du Nord. Beaucoup s’indignent de ce que la citoyenneté avec maintien du statut personnel musulman, accordée par les ordonnances de mars 1944 en Algérie, ne soit pas octroyée aux anciens combattants, ou, du moins, aux décorés de la Croix de guerre. Et surtout, ils découvrent avec stupeur l’ampleur de la répression dans le Constantinois, après les émeutes de Sétif et Guelma, en mai-juin 1945. Eux, qui ont fait preuve d’abnégation, de courage, de discipline dans la guerre pour libérer la France, se souviendront. Certains prendront les armes, des années plus tard, pour libérer leur » pays, de la présence coloniale, cette fois ; d’autres tenteront de faire reconnaître leurs droits de combattants pour la France, leur qualité de citoyen par le sang versé. Benjamin STORA, 1995 [2] _____________________________________ DJILALI Mohamedsoldat 17e RTAmort pour la France 19-5-1940. Le 25 mai dernier, Jean-Marie Lamblard écrivait à Madame Halima K., au Douar Béni-Abdallah En ce jour anniversaire, Madame Halima, je vous écris pour vous donner les renseignements que vous attendez sur la sépulture de votre père, Djilali Mohamed K., mort le 25 mai 1940 en France, caporal au 17e Régiment de Tirailleurs Algériens ...
Lesharkis et leurs descendants représenteraient en 2012 entre 500 000 et 800 000 personnes en France. Les présidents français, à partir de Jacques Chirac, s’expriment publiquement sur l’abandon des harkis par la France. Abdelaziz Bouteflika affirme en 2005 que les enfants des harkis ne sont pas responsables des actes de leurs parents ; des lois
Un char à l’effigie de Kadhafi, Bonfire Night » de Lewes Sussex, le 5 novembre 2011 - James McCauley/Rex Fe/REX/SIPA Qu’est-ce qu’une arme ? La réponse semble évidente. Tout objet conçu pour blesser ou tuer », dit le code pénal français. Oui mais voilà, c’est peut-être un peu plus compliqué. En 2007, en pleine normalisation des relations entre la France et la Libye une minute de silence pour se remémorer la visite du colonel Kadhafi à Paris en décembre 2007, la tente dans le parc de l’Hôtel Marigny, les gardes du corps, les discours…. Eh oui, tout ça nous ne l’avons pas rêvé, c’est arrivé, en pleine normalisation des relations entre la France et la Libye, une société française du nom d’Amesys, filiale de Bull le fleuron historique de l’informatique française, signe un contrat avec le gouvernement du colonel suite après la publicité Ce qu’Amesys vend à la Libye, c’est un programme du nom de Eagle. La technologie sur laquelle repose Eagle s’appelle DPI, Deep Packet Inspection » ; comme ces trois mots l’indiquent, le DPI permet de plonger dans les paquets d’information qui circulent dans les réseaux car sur Internet, les informations circulent par petits paquets qui sont découpés à l’émission et réassemblés à réception. Autrement dit, grâce au DPI, on peut récupérer à peu près toute l’information qui circule sur un réseau e-mail, voix sur IP – c’est-à-dire les systèmes comme Skype –, messageries instantanées, requêtes envoyées aux moteurs de recherche et presque tout le trafic web pour ensuite, l’analyser. Ce que vend Amesys, société française, au gouvernement libyen, en 2007, c’est un programme qui permet de faire tout cela ou une partie seulement, sur ce point il y a discussion. Mais dans quel but ? Tout est là. Des Libyens surveillés, convoqués et torturés Quand en 2011, est révélée cette opération, grâce en particulier au travail remarquable des journalistes hackers du site français Amesys oppose plusieurs arguments et notamment celui-ci ce que nous vendons avec Eagle c’est une technologie de lutte contre le terrorisme, si l’acheteur décide d’en faire autre chose, ça n’est pas notre problème. Sauf que voilà, la police secrète libyenne s’est manifestement servie de Eagle pour surveiller les opposants ce qui était bien sûr imprévisible. Quand le pouvoir de Kadhafi est tombé, des reporters du Wall Street Journal ont retrouvé des fichiers individuels de citoyens libyens frappés du logo d’Amesys, ils ont montré aussi que certaines personnes surveillées avaient été convoquées et suite après la publicité Un programme informatique peut-il être considéré comme une arme ? La plainte de la FIDH En septembre 2011, une association du nom de Sherpa dépose plainte auprès du procureur de la République de Paris contre Amesys en accusant la société d’avoir vendu illégalement un dispositif de surveillance à distance visant les rebelles et l’opposition libyenne. Illégalement » car pour l’association, de tels systèmes de surveillance devraient être soumis au même régime que le matériel militaire et ne pouvoir être vendus sans autorisation du gouvernement. Autrement dit, Eagle devrait être considéré comme une arme. En mars 2012, la plainte est classé sans suite, au prétexte que le système Eagle n’est pas soumis à l’autorisation en tant que matériel d’interception, dès lors qu’il est destiné à l’exportation et non pas à utilisation sur le territoire national ». Passons sur le présupposé de cette décision on peut vendre des trucs pourris à des dictatures, mais les utiliser chez nous, ah ça non, pour aller à la conclusion le procureur de la République de Paris considère qu’Eagle n’est pas une arme. En mai 210, c’est au tour de la Fédération internationale des droits de l’homme FIDH de déposer plainte contre Amesys pour complicité de torture. Un autre biais donc. Une information judiciaire a été suite après la publicité Le programme Cause Et mardi, la FIDH toujours, avec Amnesty International, Human Right Watch, Privacy International, Reporters sans frontière, mais aussi l’Open Technology Institue, tous ont lancé un programme du nom du nom de Cause, pour Coalition Against Unlawful Surveillance Export, soit Coalition contre l’exportation illégale de technologie de surveillance. Le but est de pousser à une réglementation internationale sur la vente de ces technologies, réglementation reposant sur l’assurance que ce matériel ne servirait à rien qui puisse contrevenir aux droits de l’homme. Oui mais voilà, qui a intérêt à cette réglementation alors même que la vente des ces technologies rapporte de l’argent, mais surtout alors que tous ceux qui ont les moyens – démocraties comprises – utilisent ces technologies sur leur territoire et dans des objectifs flous, comme le montre chaque jour l’affaire Snowden ? Je suis très pessimiste… A moins que ce soit ça la solution. Faire en sorte que le droit rapproche les technologies de surveillance des armes et que l’image qui surgisse à l’esprit, quand on évoque un pays qui surveille les communications de sa population, ce soit celle d’une arme braquée sur son peuple. Peut-être faut-il cette image pour que nous réagissions.
Lesderniers descendants du système MAS 36, sont les fusils réglementaires de précision FR-F1 et FR-F2 pour tireurs d'élite (qui ont des pièces compatibles avec un MAS 36 comme des ressorts internes ou des crosses parfaitement interchangeables), dont le lien de parenté avec leur ainé est indéniable. Il fut remplacé à partir des années 1950 par le Fusil Semi-Automatique Dix ans de protestation Cette recrudescence dans le 94 intervient alors que plusieurs vidéos caméras de surveillance ayant filmé des attaques d’une extrême violence contre des Asiatiques ont tourné de façon virale sur les réseaux sociaux et les forums de la communauté, suscitant des réactions exaspérées. La colère est d’autant plus forte que ces agressions ne sont pas nouvelles entre décembre 2015 et l’été 2016, ce ne sont pas moins de 140 femmes, toutes asiatiques, qui subirent ce type d’attaques le long de la ligne 183. Arrêtés peu après, les agresseurs se sont révélés mineurs. [2] C’est en 2010 que, pour la première fois, à Belleville, et à la stupeur générale, plusieurs milliers de Chinois descendent dans la rue, excédés d’être la cible privilégiée d’une petite délinquance qui voit dans les Chinois » – cette dénomination englobant tous les Asiatiques – des proies idéales. [3] Ils ont la réputation d’avoir du liquide sur eux, quand ils reviennent du travail ou quand ils vont à des mariages, et peu d’entre eux portent plainte quand ils sont agressés, soit parce qu’ils sont en situation irrégulière et évitent les contrôles policiers, soit parce que, même munis de papiers légaux, ils ne maîtrisent pas ou peu le français. Le 22 juillet dernier, le comité Sécurité pour tous » du 94 émettait un communiqué interpellant les pouvoirs publics sur ces agressions qualifiées à juste titre de sexistes et racistes » et réitérant leurs demandes, à savoir l’extension de la vidéo-surveillance [4], le renforcement des patrouilles de police et de celles de la RATP dans les zones sensibles », ainsi qu’un statut de jeune adulte » pour les agresseurs qui, quand ils sont mineurs, sont peu pénalisés. [5] Cette association s’est fait connaître en 2016 lors de l’agression mortelle de Shaolin Zhang, travailleur chinois à Aubervilliers. [6] Plusieurs dizaines de milliers d’Asiatiques, majoritairement chinois, avaient alors défilé dans Paris demandant la sécurité pour tous ». En 2017, une tout autre manifestation rassemblait là aussi plusieurs milliers de Chinois après qu’un policier de la Bac avait abattu chez lui Shaoyao Liu, un père de famille. Le policier coupable vient de bénéficier d’un non-lieu le 11 juillet 2019, au nom de la légitime défense. [7] Ce déni de justice, habituel dans les cas de violence policière, a entraîné un modeste rassemblement à l’appel de la famille indignée et la constitution d’un comité demandant Justice pour Shaoyao » à l’instar des autres victimes des brutalités policières. Comment appréhender cette apparente contradiction vouloir d’un côté plus de policiers et de l’autre dénoncer leur impunité quand ils jouent aux cow-boys ? Cette demande sécuritaire met très mal à l’aise la gauche radicale et les organisations antiracistes. Exiger plus de répression alors même que celle-ci vient de franchir un saut qualitatif contre les manifestations est incompréhensible et indéfendable pour beaucoup. De plus, la qualité des agresseurs n’arrange rien. Car la plupart du temps, il faut se rendre à l’évidence, ces derniers sont issus d’autres communautés minoritaires, originaires d’Afrique du Nord ou sub-saharienne, discriminés et en butte à l’arbitraire policier. Comment donc concilier la lutte antiraciste que l’on appellera classique » pour plus de facilité, et la prise en compte de la souffrance réelle des Chinois » de Belleville, d’Aubervilliers ou d’Ivry ? Jusqu’à présent, la gauche radicale et les organisations antiracistes ont été absolument incapables de résoudre ce dilemme qui met à mal les références et modes de pensée habituels. Le malaise dure depuis dix ans. Et c’est très dommage, car certains ne manquent pas d’en profiter. Une communauté hétérogène Ce malaise de la gauche radicale à appréhender la communauté asiatique, dont on pourrait dire cyniquement qu’elle a le mauvais goût de ne pas répondre aux lieux communs sur l’immigration européenne ou post-coloniale, ne date pas d’aujourd’hui. Ce qui frappe en premier lieu, c’est l’hétérogénéité nationale et sociale des Asiatiques de France. Derrière le nom caricatural de Chinois » voir de Noichs », on trouve aussi bien des vrais » Chinois de Chine continentale que d’ex-réfugiés du Sud-Est asiatique – Vietnam, Cambodge, Laos –, ou des Philippines travaillant comme nounous dans les beaux quartiers. On classera Coréens et Japonais parmi les expatriés, cette expression ayant un sens bien plus social plus que racial contrairement aux États-Unis où ils forment d’importantes communautés sur la côte Ouest, ils sont en petit nombre à Paris. Malgré leur invisibilité récurrente, rappelons que la présence asiatique est ancienne en France. Elle est d’abord liée aux deux guerres mondiales. Celle de 14-18 voit la présence de plusieurs régiments de tirailleurs annamites et de milliers de Chinois engagés contractuellement pour les travaux de terrassement ou dans les usines. Et quand éclate la Seconde Guerre mondiale, des milliers de travailleurs forcés vietnamiens sont emmenés en France. On leur doit, entre autres, le riz de Camargue. On croise aussi de nombreux intellectuels indochinois investis dans la lutte pour l’indépendance de leur pays. Mentionnons le militant trotskyste Ta Thu Thau [8] qui, étudiant à Paris va faire connaître la mutinerie de Yen Bay en 1930, ainsi que la figure tragique du philosophe Tran Duc Thao qui rentre au Vietnam en guerre en 1952 [9]. À la fin de la guerre d’Indochine en 1954, et la partition du pays, plusieurs milliers de Vietnamiens issus de couples mixtes ou de veuves vietnamiennes d’un soldat français accompagnées de leurs enfants, arrivent en France. C’est une population souvent très pauvre, dont beaucoup iront dans les Camps d’accueil des rapatriés d’Indochine CARI. Leur arrivée et leur sort misérable laissent indifférent. La France, empêtrée dans une autre guerre coloniale en Algérie, a d’autres chats à fouetter. On les oublie et leurs camps serviront en 1962 pour les harkis. Aujourd’hui, c’est la troisième génération qui a choisi de faire connaître cet épisode dans des films comme Allée des Jasmins » ou Sous tes doigts » [10]. Le choc des boat-people À la fin des années 1960, la guerre du Vietnam est au centre des luttes de la jeunesse radicale du monde entier. Pour toute une génération, il ne fait pas de doute que l’Indochine révolutionnaire, dont Ho Chi Minh est la figure emblématique, vaincra les Américains et leurs alliés fantoches » du Sud. 1975 voit le triomphe de cette lutte. Successivement en avril 1975, Pnom Penh et Saïgon tombent aux mains des révolutionnaires. L’image des hélicoptères américains quittant en toute hâte le palais présidentiel, restée dans toutes les mémoires, est le symbole de cette déroute cinglante. Après les Français, c’est au tour de la plus grande puissance mondiale d’avoir été défaite par les petits bo doï aux semelles de caoutchouc. Mais quatre ans plus tard, la gueule de bois est rude après des mois d’affrontements plus ou moins larvés, le Vietnam intervient au Cambodge en décembre 1978, chassant les Khmers rouges et révélant l’ampleur du génocide, mais déclenchant en retour la colère du protecteur chinois de Pol Pot [11]. En février 1979, les troupes chinoises entrent au Vietnam et ravagent le Nord, là où le Vietminh avait connu ses premières grandes victoires face aux Français en 1950. Le rêve – ou l’illusion – de Bandung est bel et bien mort et enterré en 1979. À cela s’ajoute ce qu’on appelle pudiquement la crise des boat people », c’est-à-dire la fuite éperdue de centaines de milliers de Vietnamiens du Sud qui, par tous les moyens et au risque de leur vie, affrontent sur des rafiots de fortunes surchargés, non seulement la mer de Chine, mais aussi les pirates qui pillent, violent et tuent ces proies faciles. De nombreux Chinois établis de longue date à Saïgon sont parmi les réfugiés. En France, la crise prend une dimension particulière est-ce dû à l’histoire coloniale qui lie les deux pays ou au poids du mouvement communiste dont Ho Chi Minh et Giap sont des figures mythiques ? Sans doute les deux, suscitant la mobilisation des intellectuels dont la quasi-totalité avait soutenu la lutte du Vietnam contre les Américains. La scène emblématique de cette campagne est la conférence de presse tenue par les frères ennemis Jean-Paul Sartre et Raymond Aron en juin 1979, appelant le président de la République Valéry Giscard d’Estaing à ouvrir largement les portes du pays aux réfugiés [12]. Ce sera chose faite puisque la France va accueillir plus de 100 000 boat-people. Entre invisibilité et fantasmes Soyons honnêtes, tant VGE que Mitterrand feront correctement le boulot. Aide au logement, à l’emploi, cours de français, octroi rapide du statut de réfugié politique, accession à la nationalité française, tout est fait pour faciliter l’intégration des nouveaux venus. Ce n’est pas leur race » qui leur vaut ce traitement que pourraient envier bien des migrants d’aujourd’hui, mais leur provenance, celle d’un pays faisant partie du bloc soviétique. La droite, puis le gouvernement socialiste ne seront pas fâchés de mettre en avant leur triste sort de victimes du communisme, comme ce fut le cas pour les Hongrois en 1956. Le but est de fondre les réfugiés dans le creuset français ». Et les réfugiés vont y mettre du leur. Avec l’humiliation propre aux vaincus, ils vont se faire tout petits et se faire oublier même si naissent alors les premiers grands Chinatowns, dans le 13e arrondissement et à Belleville qui deviennent autant de promenade exotiques. L’écrasante majorité va connaître le déclassement social. [13] Le restaurant chinois » entame sa longue marche et avec lui toute une série de fantasmes comme les chats et les chiens qui disparaîtraient, sous-entendu dans les plats servis. Il n’est jusqu’à l’absence de délinquance qui n’attise la rumeur ne dit-on pas qu’on ne retrouve jamais les cadavres des voyous ? Cette invisibilisation n’est pas propre à la France ce cinéma américain qui déroule les chefs-d’œuvre sur la guerre du Vietnam et dont on raffole ne les traitera pas mieux. La férocité hilarante de l’écrivain américano-vietnamien VietThanh Nguyen épingle dans son roman Le Sympathisant prix Pulitzer 2016 [14] cet Hollywood qui raconte une guerre du Vietnam où les Vietnamiens sont au choix de pauvres victimes ou d’infâmes à la gauche radicale, dire qu’elle ne s’est peu intéressée à ces réfugiés qui dérangeaient politiquement relève de la litote. Pourtant, dix ans avant la chute du mur de Berlin, c’est bien en 1979 et en Asie que s’est effondrée définitivement l’espérance messianique née de la révolution d’Octobre. Elle ne s’intéresse pas beaucoup plus à ce qu’ils sont devenus quarante ans après, à tort car c’est un parcours qui pourrait être riche d’enseignements. Les Chinois de France Une autre émigration bien plus massive va bouleverser ce paysage asiatique presque trop tranquille, celle des Chinois de Chine continentale. L’accession en 1978 de Den Xiaoping à la tête du Parti communiste chinois où il allait rester pendant 20 ans va lancer cet oxymore si incongru pour des marxistes, l’économie socialiste de marché ». Son but ? Faire de la Chine une grande puissance, sinon la première, ce qu’elle n’est guère malgré son siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Moderne Guizot, Deng proclame Il est glorieux de s’enrichir », ce qui ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd. Mais à côté de la caste des Princes rouges » et de cette nouvelle bourgeoisie qui s’est de fait copieusement enrichie, les privatisations et la liquidation de secteurs entiers de l’économie d’État, vont entraîner des inégalités sociales ravageuses poussant des millions de paysans pauvres et d’ouvriers au chômage vers les mégalopoles chinoises où ils vont constituer un prolétariat corvéable à merci, faisant du pays, l’atelier du monde ». Les plus audacieux de ces miséreux vont faire ce que des centaines de milliers d’autres firent avant eux, ils vont partir au loin chercher un avenir meilleur. Dès le début des années 1990, plusieurs dizaines de milliers de Chinois arrivent en France dans un flux régulier. Si certains peuvent bénéficier d’un regroupement familial en faisant jouer la présence d’un parent déjà établi, la plupart viennent de façon irrégulière et se retrouvent avec le statut peu enviable de sans-papiers. Souvent endettés auprès d’un passeur, à qui ils doivent rembourser de très grosses sommes, ils sont à la merci d’un contrôle policier qui signifiera l’expulsion du territoire. Combien sont-ils ? Difficile à dire comme le montrent les estimations qui parlent de 600 000 à 900 000, voire un million d’Asiatiques, Chinois et ex-réfugiés du Sud-Est asiatiques et leurs descendants. Ce qui est sûr, c’est que la France abrite la plus importante communauté chinoise d’Europe. Dans la première génération, beaucoup travaillent au sein de la communauté, restaurants, textile, maroquinerie, articles de Paris... Au fil des années, ils ne sont plus cantonnés à Belleville ou au 13e, ils sont bien présents dans les 10e et dans le 3e arrondissements, dans la banlieue sud qui jouxte la porte de Choisy, dans la banlieue nord, à Saint-Denis, à Pantin... Mais c’est surtout Aubervilliers qui est aujourd’hui l’épicentre l’économique de la communauté chinoise avec la création en 2006 de l’immense Centre international France-Asie CIFA, agrandi en mars 2015 par le Fashion Center qui est l’un des plus importants centres d’achat en gros d’Europe. [15] Ce vaste ensemble de boutiques et de stockage qui draine tout ce qui a trait au prêt-à-porter au sens large vêtements, lingerie, accessoires, maroquinerie, bijouterie fantaisie... était au départ destiné à remplacer le Sentier où un immobilier résidentiel aux prix astronomiques a succédé à la vieille activité de la communauté juive. Mais bien plus qu’une simple zone économique, le Fashion Center est le symbole de ce qui caractérise aujourd’hui la communauté chinoise, ce qui la distingue des vagues d’immigration antérieures, qu’elles soient européennes ou post-coloniales, et qui est à l’origine des agressions qu’elle subit de façon récurrente, depuis plus de 10 ans. Un racisme du ressentiment Par bien des traits, les Chinois de France ressemblent aux immigrés qui les ont précédés pauvreté, relatif entre-soi protecteur, statut précaire, menaces policières et... luttes. En 1997, les Chinois de Paris manifestent massivement dans le mouvement des sans-papiers ; en 2007, une Chinoise de 51 ans sans-papiers, paniquée par l’arrivée de la police, trouve la mort après s’être défenestrée pour échapper à un contrôle, provoquant protestations et manifestations. Des conditions donc très différentes de celles qu’ont connues les boat-people de la fin des années 1970. Comme partout, c’est une immigration de plus en plus féminine, comme l’a montré la grève des manucures chinoises en 2014, lutte largement soutenue et popularisée par la CGT, il faut le souligner [16]. Comme pour tous les migrants après trente ans de présence, la différenciation sociale s’est accentuée entre premiers arrivés, naturalisés, seconde génération et nouveaux venus. Mais la différence radicale entre l’immigration chinoise et l’immigration italienne, portugaise, algérienne ou malienne, c’est ... qu’elle vient de Chine, c’est-à-dire de ce qui est aujourd’hui la deuxième puissance économique mondiale. Jusqu’à présent, les choses étaient simples il y avait des pays pauvres, avec un fort surplus de population misérable, et il y avait des pays riches, qui manquaient de main-d’œuvre. Donc les premiers envoyaient dans les seconds, légalement ou pas selon les périodes, ce surplus de population. En retour, celle-ci serrait les dents et se serrait la ceinture pour envoyer un pécule le plus important possible à la famille restée au pays. Ce schéma est toujours d’actualité, y compris pour une grande partie de l’immigration chinoise. On ne rappellera jamais assez l’importance des transferts financiers pour un grand nombre de pays du Sud », que ce soit le Mexique, les Philippines ou le Sénégal par exemple. Simplement, dans le cas des Chinois, il est compliqué par le fait que les flux financiers entre la Chine et la France ne sont pas seulement l’œuvre des immigrés en 2018, le déficit commercial de la France avec ce pays était de 30 milliards de dollars. Et il faut y ajouter les investissements chinois en France, en très forte hausse, même s’ils sont plus ou moins réussis, comme le rachat de l’aéroport de Toulouse. [17]À sa petite échelle, c’est aussi ça le sens du Fashion Center d’Aubervilliers dont nous parlions plus haut, dans ce département qui est le plus pauvre de France. Un autre exemple peut être donné par l’explosion du tourisme chinois. Là aussi, si l’on compare avec des immigrations antérieures, en l’occurrence européenne, on perçoit bien les points communs et la grande différence. Le regard sur les Italiens et les Espagnols s’est modifié quand leur position sociale a changé quand ils ont cessé d’émigrer et sont passés, pour dire les choses rapidement, du statut de maçon ou femme de ménage à celui de touristes. L’hostilité, ou tout du moins la condescendance méprisante a disparu car ce n’était plus des pauvres qui prenaient les boulots les plus durs, mais des égaux qui venaient dépenser de l’argent. Le problème avec les Chinois, c’est qu’ils sont simultanément migrants... et touristes. Qui plus est des touristes qui comptent, non seulement par leur nombre, plus de 2,2 millions en 2018 et ce chiffre ne cesse d’augmenter, mais surtout par leurs dépenses, supérieures à 4 milliards. Encore peu coutumiers des cartes de crédit, porteurs de fortes sommes en liquide, ces touristes sont d’ailleurs eux aussi une cible privilégiée des pickpockets en tous genres. Ces larcins ajoutés aux agressions dont sont victimes les ressortissants chinois ont amené les autorités chinoises à hausser le ton à plusieurs reprises et à demander à la France d’assurer la sécurité de leurs citoyens ce qu’on ne saurait lui reprocher. C’est ce que fit en son temps le président Boumedienne lors de la vague d’agressions contre les ouvriers algériens en 1972. Et comme toujours dans ces cas-là, la presse chinoise en a rajouté, faisant de certains quartiers de Paris et sa banlieue, de véritables coupe-gorges. Or, il en coûte cher de provoquer l’ire des réseaux sociaux chinois Dolce Gabbana et Versace l’ont appris voici peu à leurs dépens et notre industrie du luxe sait trop bien ce qu’elle doit à l’enrichissement spectaculaire de millions de Chinois. Le racisme anti-chinois et par extension anti-asiatique, car les agresseurs ne cherchent pas à savoir si leur victime vient de Wenzhou ou du delta du Mékong [18], est pour une très grande part, un racisme du ressentiment [19]. Une partie des quolibets dont ils sont la cible, les accents ou les traits physiques moqués, font hélas partie du paquetage de l’étranger. Le mangeur de nems » a bien des points communs avec le macaroni » [20]. Mais les fantasmes qu’engendrent les Chinois et qui sont à l’origine de leurs multiples agressions ont davantage de points communs avec l’antisémitisme qu’avec le racisme du mépris qui touchent d’autres communautés. Avoir de l’argent même quand on a l’air pauvre, être fourbe et faire ses coups en douce, être puissant et voir les autres s’incliner... autant d’accusations qui sont communes aux juifs et aux Asiatiques. Il n’est jusqu’à l’éclatante réussite scolaire des enfants ou la popularité des festivités du Nouvel an chinois [21] qui se soient sujettes à ressentiment pour des populations immigrées comme eux, qui ont le sentiment d’être laissées-pour-compte et de regarder passer le train de la mondialisation. Se faire un Chinois » devient alors une manière de faire payer à plus fragile que soi tout ce que vous inflige une société dure aux faibles et douce aux puissants. Comprendre le ressort du ressentiment est une chose mais rester paralysé devant des faits inadmissibles, en est une autre. Appréhender une réalité mouvante Quarante ans ont passé depuis l’arrivée des boat-people, trente ans depuis le début de l’immigration chinoise. Et la gauche radicale ne semble toujours pas savoir comment appréhender ces hommes et ces femmes. Voici un exemple, anodin mais qui en dit long. Dans la grande enquête de l’INED, Trajectoires et Origines, Enquête sur la diversité des population en France » [22], un fait saute aux yeux quant au parcours scolaire des descendants d’immigrés en France comparées au groupe majoritaire référent 48 % des enfants dont les parents sont originaires du Sud-Est asiatique Vietnam, Cambodge, Laos, obtiennent un diplôme du supérieur, quand ils ne sont que 34 % dans la population majoritaire », soit 14 points de différence, ce qui est énorme. Et pour ceux qui glosent sur le privilège blanc », signalons que ce pourcentage est de 26 % pour les descendants d’Espagnols et d’Italiens, et de 28 % pour les Portugais, 20 points d’écart ! Cette différence, ahurissante, a-t-elle été analysée ? A-t-on essayé de voir quel rôle a pu jouer l’accueil reçu ? A-t-on essayé de comprendre quelles étaient les racines sociales, culturelles, familiales... de cette réussite ? Point du tout. Que ces populations soient originaires d’anciennes colonies françaises pourraient amener une réflexion comparative avec d’autres populations qui ont cette histoire en commun. Point du tout. On pourrait aussi regarder le rapport qu’entretient la communauté chinoise avec son pays d’origine et son pays d’accueil, et le comparer à d’autres communautés. La Chine n’accepte pas la double nationalité [23], tout comme l’Inde, pour prendre un autre géant asiatique. Les immigrés chinois doivent donc choisir, notamment pour les enfants nés ici. Et pourtant les liens culturels restent très forts même en cas de mono-nationalité ». Trop forts d’ailleurs au goût de certains prompts à soupçonner la 5e colonne » d’un pays qui fait peur à beaucoup car perçu comme destructeur d’emplois. Le fameux péril jaune » a suivi l’évolution de la Chine si la hantise de la submersion démographique est toujours présente, elle s’accompagne maintenant de la crainte économique, alimentée par les appétits de ce pays hier sous-développé devenu aujourd’hui une puissance impérialiste. L’enjeu est de taille pour la gauche il est possible de répondre aux inquiétudes légitimes des Asiatiques, sans démagogie sécuritaire mais sans être dans le déni par angélisme ou désarroi. À Aubervilliers comme dans le 94, la communauté s’organise téléphone et messagerie instantanée pour prévenir les agressions ; apprentissage de l’autodéfense pour les femmes, rondes régulières [24]. Il faut encourager cette auto-organisation, pointer les rôles respectifs des associations et des pouvoirs publics et mettre en garde contre toute tentation de défense privée qui n’aurait pour résultat que de pourrir un peu plus les relations entre communautés. Il faut souligner que cette demande de davantage de policiers qui protègent les citoyens, et qui ne jouent pas les ninjas, n’est pas propres aux Asiatiques comme le montre la lettre ouverte de maires de Seine-Saint-Denis dénonçant l’abandon de leurs communes par les pouvoirs publics [25]. Si la gauche ou les organisations antiracistes ne font pas ce travail, d’autres sont en embuscade. Car nombre d’ex-réfugiés, leurs enfants, la seconde génération chinoise votent et pour les séduire, la droite et l’extrême-droite font leurs choux gras de ces agressions et opposent d’honnêtes travailleurs asiatiques à des voyous noirs et arabes. On peut compter sur les médias comme Russia Today pour relayer avec complaisance le moindre vol de portable et l’on connaît hélas la popularité de cette officine poutinienne. [26] Se couper de la communauté asiatique, c’est non seulement ignorer une population dont l’incroyable dynamisme devrait pour le moins nous intriguer, mais c’est aussi laisser faire une évolution politique qui est tout sauf une fatalité. Je ne crois pas que nous puissions nous permettre ce luxe. Paris, le 7 septembre 2019
Enrevanche, les soldats originaires des colonies ont joué un rôle considérable sur les fronts européens et dans les Balkans, en particulier pour l’armée française qui a recruté près de 158 000 hommes en Afrique du Nord et 134 000 en Afrique noire (sur 8 700 000 hommes qui ont combattu en métropole). L’ensemble des troupes coloniales mobilisées durant le conflit s’élève
Le Parisien l’a annoncé à la cantonade, Mohamed et ses variantes est un prénom plus fréquemment gravé que Martin sur les monuments aux morts de la Grande guerre. Pourtant cette découverte » qui se veut spectaculaire est une manipulation grossière. Voici pourquoi Aujourd’hui Martin est un prénom assez courant, au début du siècle il ne l’était pas du tout, comme en témoigne le graphique ci-dessous. En 1900 par exemple, seuls 231 Français prénommés Martin sont nés INSEE. Mais la manipulation du Parisien va plus loin car Martin, aujourd’hui comme à l’époque, est le patronyme le plus répandu en France. C’est donc en jouant sur la confusion avec la popularité actuelle du prénom Martin et celle actuelle et passée du patronyme identique que Le Parisien déforme la réalité pour faire entendre une petite musique. Celle des troupes coloniales déterminantes, omniprésentes, voire chair à canon. Sans le dire on sous-entend que le sacrifice des troupes coloniales a été exceptionnel par rapport aux troupes métropolitaines. Pourtant le nombre de morts total est incomparable. Par exemple, la Bretagne seule a déploré deux fois plus de morts pour la France 130’000 que l’ensemble des troupes coloniales nord-africaines et subsahariennes 75 900. cf. Lugan Pour les journalistes du Parisien, faut-il qu’en tout temps et en tous lieux, les Français soient redevables à l’ autre » et honteux des leurs ? Constatant le rejet massif du vivre-ensemble » aucune ficelle n’est trop grosse pour eux afin de faire croire au caractère indispensable de la diversité. Bernard Lugan dans le texte que nous reproduisons ci-dessous avait, en 2016 déjà, tordu le cou au mythe des troupes coloniales chair à canon. Jean-David Cattin La France n’a pas gagné la Première guerre mondiale grâce à l’Afrique et aux Africains Communiqué de Bernard Lugan publié sur son site. Dans la grande entreprise de réécriture de l’histoire de France par les partisans du grand remplacement », la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement la bataille de Verdun, constitue un argument de poids. Son résumé est clair les Africains ayant permis la victoire française, leurs descendants ont donc des droits sur nous. Voilà qui explique pourquoi ces ardents défenseurs du vivre ensemble » que sont MM. Samuel Hazard, maire socialiste de Verdun, et Joseph Zimet, à la ville époux de Madame Rama Yade, et en charge de la Mission du centenaire de la Grande Guerre, ont voulu mettre le sacrifice de millions de Poilus au service de leur idéologie. Laissons donc parler les chiffres[1] 1 Effectifs français métropolitains et coloniaux – Durant le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisés, soit 20 % de la population française totale. – Parmi ces 7,8 millions de Français, figuraient Français d’Algérie, soit environ 20 % de la population pied-noir ». – Les pertes françaises furent de 000 morts, soit 16,67 % des effectifs. – Les pertes des Français d’Algérie furent de morts, soit 16,44 % des effectifs. 2 Effectifs africains – L’Afrique fournit dans son ensemble hommes, soit 5,22 % de l’effectif global de l’armée française. – Sur ces hommes, étaient des indigènes » originaires du Maroc, d’Algérie et de Tunisie, soit 2 % de la population de ces trois pays. – Sur ces hommes, on comptait Algériens, soit 2,28 % de tous les effectifs français. – L’Afrique noire fournit quant à elle, hommes, soit 1,6 % de la population totale et 2,42 % des effectifs français. – Les pertes des unités nord africaines furent de hommes, soit 16,47 % des effectifs. – Sur ces morts, étaient Algériens. Les pertes algériennes atteignirent donc % des effectifs mobilisés ou engagés. – Les chiffres des pertes au sein des unités composées d’Africains sud-sahariens sont imprécis. L’estimation haute est de morts, soit 18,51 % des effectifs ; l’estimation basse est de 30 000 morts, soit %. Pour importants qu’ils soient, ces chiffres contredisent donc l’idée-reçue de chair à canon » africaine. D’ailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les régiments coloniaux, qu’ils fussent composés d’Européens ou d’Africains. Des Africains ont donc courageusement et même héroïquement participé aux combats de la Grande Guerre ». Gloire à eux. Cependant, compte tenu des effectifs engagés, il est faux de prétendre qu’ils ont permis à la France de remporter la victoire. Un seul exemple le 2° Corps colonial engagé à Verdun en 1916 était composé de 16 régiments. Les 2/3 d’entre eux étaient formés de Français mobilisés, dont 10 régiments de Zouaves composés très majoritairement de Français d’Algérie, et du RICM Régiment d’infanterie coloniale du Maroc, unité alors très majoritairement européenne. Autre idée-reçue utilisée par l’idéologie dominante ce serait grâce aux ressources de l’Afrique que la France fut capable de soutenir l’effort de guerre. Cette affirmation est également fausse car, durant tout le conflit, si la France importa six millions de tonnes de marchandises diverses de son Empire, elle en importa 170 millions du reste du monde. Conclusion durant la guerre de 1914-1918, l’Afrique fournit à la France 3,5 % de toutes ses importations et 5,22 % de ses soldats. Ces chiffres sont respectables et il n’est naturellement pas question de les négliger. Mais prétendre qu’ils furent déterminants est un mensonge doublé d’une manipulation. Bernard Lugan 13/05/2016 [1] Les références de ces chiffres sont données dans mon livre Histoire de l’Afrique du Nord des origines à nos jours. Le Rocher, en librairie le 2 juin 2016.
NaïmaYahi : Certains disent qu’on aurait mis en avant les soldats coloniaux pour qu’ils se fassent massacrer davantage que les soldats blancs. C’est faux. Statistiquement, environ 15 % des
Résumés La filiation établie entre l’Armée française d’Afrique et l’exercitus Africae romain est désormais bien connue ; on en examine ici un aspect particulier les troupes auxiliaires ont-elles été l’objet d’un transfert similaire ? Plusieurs raisons expliquent que le lien entre supplétifs et auxilia ne fut jamais établi les similitudes techniques et réglementaires relient la Légion étrangère aux auxilia et non à la legio ; l’attention exclusive portée à la légion, unité romaine par excellence aux yeux des Français, qui ignoraient alors l’importance numérique et tactique des auxilia ; les conditions de recrutement et d’emploi tout à fait différentes des supplétifs et des auxilia. The link between the French colonial army in North Africa and the Roman exercitus Africae has often been drawn. This article explores whether the same connection can be established between the Roman auxiliaries and the 19th-century auxiliaries from Northern Africa. The relationship has never been drawn for several reasons the comparison is less easy as the French Legion bears technical and statutory similarities with the auxilia but not with the Roman legio. Most scholarly attention has focused on the legio, the outstanding Roman military unit in French eyes, ignoring the tactical and numerical significance of the Roman auxilia. Lastly the conditions of recruitment and employment for auxilia and auxiliaries were entirely different. العلاقة المحدثة بين الجيش الفرنسي بإفريقيا والجيش الروماني بإفريقيا أصبحت معروفة جيدا وسندرس هنا مظهرا خاصا منها فهل أن القوات المساعدة خضعت إلى تحول مماثل؟يمكن تفسير غياب ترابط بينالجنود الإضافيين والجنود المساعدين من خلال عدة أسباب منها نقاط التشابه التقنية والتنظيمية التي تربط الفيلق الأجنبي بالجنود المساعدين وليس بالجيش. ثمالإهتمام الخاص الذي حضي به الفيلق بصفته وحدة رومانية بحتة من وجهة نظر الفرنسيين الذين كانوا يجهلون الأهمية العددية والتكتيكية للعناصر المساعدة وأخيراشروط الإنتداب والتشغيل بالنسبة للجنود الإضافيين والجنود de page Entrées d’index Haut de page Texte intégral 1 Ex. Lorcin 2002. 2 Dondin-Payre 1991. 1Il est désormais bien établi que l’occupation de l’Algérie par la France a inspiré un parallèle avec la conquête romaine de l’Afrique1, au point que la comparaison a été établie terme à terme dans de nombreux domaines, dont celui des pratiques militaires2. 3 Saint-Marc-Girardin 1841. On peut comparer avec la situation en péninsule ibérique telle qu’elle a ... 4 Boissier 1891, p. LII-LIII. Réponse du ministre [Saint-René Taillandier], p. LX Le passé a su, ... 5 Boissier 1895, p. V-VII et 25-26. 2Peu après le débarquement de 1830, dans un long article intitulé De la domination des Carthaginois et des Romains en Afrique comparée avec la domination française », Saint-Marc-Girardin prédisait que les textes classiques aideraient à surmonter les problèmes – Tite Live et Salluste pour les opérations militaires, et la Germanie de Tacite pour les relations avec les indigènes3. Cette thématique de confrontation à l’antiquité ne cessera d’être développée pendant des décennies immédiatement, l’emplacement des camps, la situation des garnisons, les itinéraires suivis par les colonnes, l’ampleur et l’efficacité de la conquête, toutes les modalités et les résultats de l’occupation du pays par l’armée ont été mesurés à l’aune de ce qu’on savait ou croyait savoir de l’action romaine. Un demi-siècle plus tard, l’académicien Gaston Boissier l’exprimait sur un ton emphatique Jusqu’ici je n’avais guère cherché Rome qu’à Rome même ou dans les environs ; j’ai reconnu qu’on pouvait la trouver ailleurs. Parmi les provinces qu’elle a conquises et civilisées, aucune ne garde autant son empreinte que l’Afrique …. Les indigènes nous regardent comme les descendants et les héritiers de ceux qui les ont si longtemps gouvernés …. Nous avons des prédécesseurs, des ancêtres …. Nous reprenons possession d’un ancien domaine …. C’est ce que nos soldats avaient compris d’instinct, dès les premiers jours de la conquête …. Rien de ce qui avait pu intéresser leurs lointains prédécesseurs ne les laissait indifférents ils étaient fiers des éloges que l’empereur Hadrien leur décerne dans son fameux ordre du jour retrouvé à Lambèse, comme s’ils les avaient obtenus eux-mêmes. Il leur semblait voir, dans ces braves gens que le prince félicite d’exécuter avec tant de précision les manœuvres les plus difficiles, des frères d’armes, des camarades … »4. Ailleurs, Boissier compare Jugurtha à Abd-el-Kader et évalue la tactique des généraux français par rapport à celle de Metellus face à Jugurtha5. 6 Cagnat 1892 ; les deux éditions 1892, 1913 sont dédiées à l’Armée française d’Afrique », formu ... 7 Le chant des Marocains, adapté pendant la Seconde guerre mondiale du chant de la Division Marocain ... 3La manifestation la plus flagrante de cette superposition est la dédicace à l’Armée française d’Afrique », par René Cagnat, de sa monographie consacrée à l’Armée romaine d’Afrique »6 il ne ressortit en effet pas du hasard que, très rapidement, ce qui était le corps expéditionnaire d’Alger » formé pour le débarquement à Sidi Ferruch en 1830 soit connu, y compris au Ministère de la Guerre, comme Armée d’Afrique » sans que la formule ait jamais été institutionnalisée. Adoptée par tous les milieux, la dénomination Armée d’Afrique » a habité l’imaginaire très longtemps, au-delà de la fin de la colonisation puisque son hymne, le chant les Africains », accompagna le défilé de l’armée malienne sur les Champs Elysées le 14 juillet 20137. 8 Ranc 1877, p. 43 ; Ranc ne semble pas s’apercevoir que, en voulant railler l’armée française, il f ... 9 Cette lettre, souvent citée ainsi Ravoisié 1846, p. 46, est systématiquement reproduite dans les ... 10 Exercitus Africae est employé ici non au sens strict de l’armée de la province d’Africa mais au se ... 4Tout écart par rapport à cet alignement sur les Romains est critiqué. Le déporté politique Arthur Ranc, ridiculisant l’établissement d’une garnison à Batna quand les Romains avaient jeté leur dévolu sur le site de Lambèse, se trouve paradoxalement conduit à louer l’emplacement du pénitencier dans lequel il fut enfermé Lambèse… Les Romains, ayant à fonder un établissement, avaient choisi un plateau vaste, élevé, rafraîchi par les contreforts de l’Aurès, arrosé par des eaux abondantes et pures. Quand l’armée française arriva dans la contrée, les chefs militaires se gardèrent bien de suivre l’exemple des Romains …. Si les Romains avait fait de Lambæsis une ville si considérable, c’est que la position était bonne et le pays salubre, et puis l’eau, l’eau pure et fraîche, si rare en Algérie. Le moindre colon ayant à planter sa tente et à se construire un gourbi ne s’y serait pas trompé. Les chefs de l’armée française en jugèrent autrement. Ils fondèrent Batna dans un trou marécageux, à 11 kilomètres de Lambèse, et en firent le chef-lieu de la subdivision militaire »8. L’analogie se prolonge jusqu’au registre symbolique ; en octobre 1839, à l’occasion de l’expédition des Bibans, le duc d’Orléans, fils de Louis-Philippe, passa par Cuicul-Djemilah, dont l’arc de triomphe, émergeant de la plaine, lui inspira une idée spectaculaire Ce serait une récompense digne de leurs [des soldats de l’armée d’Afrique] travaux que d’élever sur une des places de la capitale le plus beau souvenir qu’ait laissé dans notre nouvelle possession le grand peuple qui nous y a donné de si mémorables exemples. Je suis sûr que chacun de ceux qui ont porté les armes en Afrique et qui ont dépensé dans ce difficile pays leur sang ou leur santé seraient fiers de voir à Paris avec cette simple inscription “L’Armée d’Afrique à la France”, ce monument qui rappellerait ce qu’il a fallu d’efforts et de persévérance à nos soldats pour arriver à ce résultat ... »9. Si on extrait cet épisode de son contexte, il paraît n’être qu’un caprice d’enfant gâté, mais l’idée est en harmonie avec l’ambiance contemporaine, et, totalement extravagante à première vue, elle l’est moins si on se rappelle que le roi Louis-Philippe venait tout juste d’inaugurer, en 1836, l’arc de triomphe voulu par Napoléon Ier. La suggestion du duc d’Orléans tissait un réseau mémoriel dont les racines plongeaient dans l’exercitus Africae10 pour se prolonger jusqu’aux conquêtes algériennes d’une armée dont les guerres napoléoniennes avaient fait éclater la vaillance aux yeux du monde. 11 Le Général Ch. Philebert, commandant la 6e Brigade en Tunisie, relatait que Pendant son séjour ... 12 Nodier 1844, p. 192 La domination romaine a laissé son squelette immense couché tout entier su ... 13 Adrien Dauzats a réalisé plusieurs dessins préparatoires aquarellés, actuellement conservés dans l ... 14 Nodier 1844, p. 263 entre la première et la seconde porte, le prince fait graver par les sapeu ... 15 Trajan fit édifier un pont et creuser la roche pour faire passer une route lors des guerres daciqu ... 5L’armée ne s’en tient pas aux palabres elle prend à son compte l’habitude des unités romaines de graver des inscriptions commémoratives de leurs accomplissements ; le mot habitude » convient aux nombreux témoignages, qui concernent tous les corps11. Le plus mémorable est le passage des Portes de Fer lors de l’expédition des Bibans, la colonne commandée par le duc d’Orléans, qui ralliait pour la première fois par voie terrestre Sétif à Alger, traversa le 18 octobre 1839 la série de défilés des Bibans, dits Portes de Fer »12. Le peintre Adrien Dauzats, que le roi commandita pour enregistrer l’exploit, a placé dans l’angle inférieur droit de son tableau un soldat d’un régiment de Ligne, qui, juché sur les épaules d’un camarade, grave au marteau dans la paroi Armée française [et non d’Afrique] 1839 »13. Ce geste, qui aurait pu n’être qu’un moyen indirect de légender le tableau, correspond à une réalité qui concrétise la double dimension d’un héritage symbolique et de l’ampliation de cet héritage, auquel la relation de Charles Nodier ne cesse de se référer14. Bien qu’aucun témoignage n’en fasse état à ma connaissance, il est possible que cette initiative ait été inspirée par la présence, aux Portes de Fer danubiennes, de la tabula Traiana, cette inscription gravée dans une paroi rocheuse surplombant le Danube, commémorant la montagne entaillée pour faire passer une route stratégique lors de la campagne contre les Daces15 le duc d’Orléans en Afrique n’avait pas fait moins que Trajan dans les pays danubiens. 16 D. M. S. Tito Flauio Maximo praefecto legionis III Augustae heredes Iulii Secundi quon ... 17 Dondin-Payre 2010 l’opération fut conduite avec une extrême minutie, les pierres numérotées repo ... 18 Dondin-Payre 1991 ; citation Colonel Carbuccia, Archéologie de la Subdivision de Batna, manuscri ... 6Un des gestes les plus manifestes est celui du colonel Jean-Luc Carbuccia, commandant le 2e régiment de la Légion étrangère, à Batna au milieu du xixe s. Il remarqua qu’un tremblement de terre avait endommagé un des tombeaux qui parsemaient alors la plaine de Lambèse. Convaincu, à tort, que le défunt T. Flavius Maximus, préfet de la 3e légion auguste16, était terme à terme son prédécesseur en charge d’une unité légionnaire, Carbuccia fit restaurer l’édifice par ses soldats en 184917. Dans la porte factice fut insérée une plaque commémorant la réhabilitation. Jusque-là rien d’extraordinaire, mais Carbuccia organisa une cérémonie militaire pour rendre hommage au préfet légionnaire comme il l’aurait fait pour un camarade Un bataillon tout entier défila devant le tombeau nouvellement restauré, saluant d’un feu de mousqueterie celui que nos soldats avaient presque le droit de regarder comme un ancêtre puisque, comme eux, il avait donné sa vie pour la patrie sur la terre algérienne »18. Ce geste et le récit que le colonel en transmit firent entrer dans la légende le tombeau, aujourd’hui détruit. 19 Pellissier de Reynaud 1844, I, p. 142-143. Pellissier poursuit Une seule chose embarrassait un ... 7Dans tous les cas, la supériorité de l’armée française est foncièrement incontestable Le 21 novembre 1838, une proclamation [du général Clauzel] annonça aux troupes que, le lendemain, elles franchissaient la première chaîne de l’Atlas. Les soldats se mirent aussitôt à discourir, autour de feux de bivouac, sur l’entreprise dans laquelle ils se trouvaient engagés. Les plus instruits, faisant appel à leurs souvenirs classiques, racontaient les guerres des Romains, et faisaient connaître à leurs camarades qu’aucune armée européenne n’avait paru dans ces contrées depuis ce peuple auquel on aime tant à se comparer »19. 20 Le Bohec 1989b. 21 Benseddik 1982 ; Le Bohec 1989c. 8Peut-on affiner cette enquête en l’appliquant aux troupes auxiliaires d’Afrique du Nord aux époques romaine et contemporaine ? Cette interrogation est naturelle, puisque, outre la permanente 3e légion Auguste20, l’Afrique romaine a compté de nombreuses unités auxiliaires21. Naturelle mais délicate. 22 Holder 1980 ; Benseddik 1982. 9En premier lieu à cause de la documentation alors qu’on ignore jusqu’au nombre et à la nature des unités auxiliaires déployées dans les provinces d’Afrique à un moment donné22, la chronologie fait que l’évolution alambiquée des unités de l’armée française à partir du débarquement de 1830 à Sidi Ferruch est bien documentée. 10Ensuite, à cause du vocabulaire. 23 Y. Le Bohec 1989c, p. 33 estime que les formules ont la même signification. Sur les opérations m ... 24 Azan 1936. La dénomination Armée d’Afrique » continua à s’appliquer, outre aux troupes qui conqu ... 11L’équivalence entre exercitus Africae et la formule in Africa accolée à une mention d’unité auxiliaire, admise par certains, ne semble pas aller de soi, puisque la plupart des unités auxiliaires ne sont attestées que de façon très fugace en Afrique romaine, sans qu’on connaisse les modalités et la durée de leur séjour, et sans que leur insertion dans l’exercitus Africae soit évidente23. Inversement, Armée d’Afrique » englobe systématiquement toutes les troupes ayant, à partir de 1830, complété, sur un mode fluctuant et varié, le Corps expéditionnaire d’Alger » initial24. L’expression s’étendit par la suite à toute unité recrutée en Afrique du Nord, les autres régions d’Afrique étant concernées par l’ Armée coloniale ». 25 À l’origine, le mot supplétif » renvoie globalement aux hommes jugés inaptes au service au front ... 12Pour l’armée française, le terme approprié est supplétif » qui désigne les combattants recrutés sur place, hors de la métropole, pour compléter l’armée régulière25. 26 Le Bohec 1989a, p. 26-29 certaines unités d’infanterie, dites montées », comportent un certain ... 27 Le Bohec 1989c, p. 145 note 68 bibliographie antérieure sur les numeri . 28 Ainsi, les goums marocains sont des unités permanentes contrairement aux goums algériens. Au Maroc ... 29 Après les guerres de Crimée et de 1870 voir note 45, pour les guerres mondiales. 30 Hamdoune 1999. 13Dans l’armée romaine, les auxilia, immédiatement repérables par leurs noms, se répartissent entre ailes de cavalerie, cohortes d’infanterie26 et numeri27. Cette seule mention suffit à les identifier comme auxiliaires et à connaître leur spécialisation. Dans l’armée française, le vocabulaire fluctue aucune désignation n’implique une origine, un statut ou une mission28. Le flou qui en découle est minoré par le lien étroit entre pays de recrutement et terrains de combat les supplétifs sont employés dans leur pays d’origine, ou dans des régions limitrophes ; ils y sont cantonnés, ne le quittent que dans des cas extraordinaires guerre de Crimée, 1853-1856, guerre de 1870, et y reviennent29. C’est l’exact opposé des auxilia romains, qui, sauf exceptions, servent hors de leur province de création30. 31 Azan 1925 ; citation, p. 9. 14La mixité entre indigènes non citoyens français et soldats français, pratiquée dès les débuts, selon des proportions variables et l’encadrement par des officiers français sont comparables à l’association entre citoyens romains et pérégrins, opérée dans certains corps auxiliaires. En revanche, l’intégration systématique dans la communauté citoyenne des auxiliaires pérégrins romains au terme de leur carrière n’est pas envisagée par la politique française. Bien au contraire après l’engagement massif de supplétifs nord-africains et leur rôle décisif dans la première guerre mondiale, les mises en garde se multiplient contre le danger de la pensée que les indigènes d’Afrique du nord pourraient se substituer aux Français pour la défense de leur patrie, aussi fausse que méprisable »31. 15Pourquoi avoir couru ce danger » ? 32 Hamdoune 1999, p. 2. 33 Une des manifestations de cette improvisation est l’incorporation des Volontaires de la Charte » ... 34 Frémeaux 2009, p. 1-5. 35 L’armée d’Afrique comptait au départ trois escadrons de cavalerie chaque escadron compte environ ... 36 Les expulsés, dont le nombre était estimé à 1500, furent dirigés vers Smyrne et l’Asie Mineure S ... 37 Yusuf, figure légendaire de l’armée d’Afrique, devint général en 1856. Le Ministère de la Guerre n ... 38 Quand Clauzel succéda à Bourmont en septembre 1830, il trouva 500 zouaves déjà réunis à Alger, 200 ... 39 Arrêté du 1 octobre 1830 Il sera formé un ou plusieurs bataillons de zouaves ». Sur 22 officie ... 40 Azan 1925 ; Willing 1996 ; Frémeaux 2009. Voir note 45. 41 Si les unités nouvelles extraordinaires ne deviennent pas des éléments fixes d’une armée régulière ... 42 Illustrations, voir https/ ... 43 1er Tirailleurs d’Épinal reconstitué comme régiment régulier en 1994 ; 1er Spahis de Valence recon ... 16Comme pour l’exercitus, une des raisons de l’incorporation d’indigènes est la nécessité de pallier des lacunes et d’exploiter des compétences spécifiques. En Algérie, très tôt, dès d’octobre 1830, plusieurs unités irrégulières » sont organisées concomitamment, sur des initiatives individuelles d’officiers, comme sous la République romaine des généraux à imperium levaient des auxilia prouincialia32. Le mot supplétif » reflète l’improvisation et l’urgence qui ont présidé à la levée des corps indigènes de l’Armée d’Afrique33, quand auxilia évoque plus une complémentarité organisée, une exploitation pérenne des ressources indigènes. Longtemps, les officiers français, qui recrutaient personnellement leurs hommes, se comportèrent plus en chefs de tribus qu’en supérieurs hiérarchiques34. Ainsi, pour remédier à l’absence presque complète de cavalerie dans le corps expéditionnaire français de 183035, pendant que les fantassins de la garde du dey, les janissaires honnis, étaient expulsés vers l’Asie Mineure36, les sibahis, cavaliers turcs à son service, qui, au même moment, se mettent au service des Français, sont confiés à Joseph Vantini, lui-même Français raflé enfant par les pirates, devenu officier du dey sous le nom de Yusuf. Il les organise en escadrons de spahis irréguliers »37. Parallèlement, la tribu Zouaoua, à l’est d’Alger, rejoignit l’armée française et fut organisée par le même Yusuf en bataillons de zouaves », comportant chacun un quart d’officiers indigènes et un cinquième de soldats français38 ; levés en cas de besoin, sans contrat, payés en fonction des services rendus, ils retournent à leur tribu une fois l’engagement terminé39. En même temps, toujours dès 1830, sous l’autorité du capitaine Marey-Monge, des cavaliers indigènes sont constitués en deux escadrons provisoires » de chasseurs d’Afrique ». Les spahis et les chasseurs d’Afrique des cavaliers, les zouaves et les tirailleurs dits turcos fantassins40, plus tard structurés en régiments réguliers41, devinrent une allégorie de l’Algérie, incarnée par leur uniforme, le mythique habillement maure » – veste courte, pantalon bouffant, calotte ou turban, large ceinture destinée à limiter les problèmes intestinaux imputés par les médecins au froid et non à l’eau42. Il est si chargé de symbolique qu’il fut repris au xxe s. quand deux unités furent reconstituées comme régiments réguliers43. 44 Cité par Frémeaux 2009, p. 4 ; Azan 1925 ; Iani 2009. 45 Turco à l’origine fantassin, voir note 40 est devenu dans la langue commune un terme générique d ... 17Pour les Français, l’enrôlement de supplétifs comporte aussi une dimension socio-politique l’exploitation par les conquérants des compétences des conquis concourt à les rapprocher. Il n’est pas de tribu qui ne compte quelques-uns de ses enfants sous notre drapeau », ce qui constitue une puissance considérable au service des idées que nous voulons propager dans la population arabe »44. En apparence, cela paraît coïncider avec la politique d’intégration romaine, mais la perspective est inverse les auxilia qui ne servent pas dans leur province d’origine, qui combattent aux côtés des légions, face à un ennemi qui n’est pas leur semblable, qui finissent intégrés dans la collectivité citoyenne, n’ont rien de commun avec les supplétifs français, qui restent attachés à leur pays et à leur condition, dont l’utilisation est justifiée par des faiblesses de l’armée française. Les auxiliaires romains, étroitement complémentaires des légionnaires, sont à la fois intégrés à des corps d’armée dans l’Empire et identifiés par leur appartenance à des unités définies ; il pourrait sembler que les supplétifs, le plus souvent amalgamés par petits groupes dans des régiments réguliers français, sont mieux assimilés que les auxiliaires romains, mais le but est d’éviter qu’un isolement identitaire ne leur inspire des aspirations d’égalité. Ce n’est pas un hasard si l’unique tombe de supplétif de la guerre de 1870 sur le territoire français est anonyme, dédiée au Turco »45. 46 Une ordonnance du 21 mars 1831 crée deux escadrons de chasseurs numides » ou chasseurs algérie ... 47 Créé en 1854-55, à la suite des trois autres, ce régiment de zouaves de la Garde impériale » d’ ... 18On voit surgir ici et là quelques rappels antiques, comme les adjectifs maure », ou numide » qui fut accolé à un titre d’unité de cavalerie46 ; la figure de porte-drapeau zouave dont la hampe est surmontée d’une aigle a l’air romain, mais cet accessoire est un héritage du Second empire47. 48 Azan 1925, p. 59. 19Le seul parallèle explicite entre auxilia et supplétifs que j’ai trouvé date de la première moitié du xxe s., et est ambigu Les soldats numides d’Annibal ont pu, sans autre attirail que quelque éléphants et sans l’appui même de leur patrie, traverser l’Espagne, la Gaule, les Alpes pour aller dominer la puissante Italie ; leurs descendants, éclairés par le génie pacifique de la France, et équipés de tous les perfectionnements de la science moderne, sauront atteindre à travers le Sahara et mettre en valeur les richesses incalculables qui demeurent inexploitées dans les immenses territoires de l’Afrique française »48. La comparaison n’est pas établie avec les auxilia romains, mais avec les ennemis puniques venus attaquer les Romains jusque dans leur patrie ; et elle aboutit à une instrumentalisation des supplétifs au profit des Français ils vont contribuer à étendre la domination de la métropole sur l’Afrique noire. 49 Formée par le général de Monsabert, elle est composée de trois régiments de tirailleurs 3e et 7e ... 50 Monsabert 2000, p. 194 Nous sommes, vis-à-vis des Alliés, ce que nos indigènes sont vis-à-vis ... 51 Juin 1959, p. 264. Sur la participation de la division à la campagne d’Italie, et les polémiques q ... 52 Heurgon 1978, p. 115. De même J. Heurgon souffla l’idée de la prise d’armes de l’unité sur le foru ... 20Je n’ai retrouvé un véritable lien qu’au milieu du xxe s. la 3e Division d’infanterie algérienne, formée en 194449, fut dotée d’un insigne composé de la Victoire de Constantine et de trois croissants tricolores, symbole traditionnellement associé aux régiments indigènes d’Afrique du nord. L’initiateur se proposait, par ce choix qui les égalait à l’armée romaine, de réhabiliter les troupes françaises déconsidérées au sein des armées alliées50. Le maréchal Alphonse Juin, natif de Bône département de Constantine, qui commanda la division lors de l’attaque du Mont Cassin, explicite C’était la division chère à mon cœur, celle de Constantine, composée de gens de chez moi et de Tunisiens, leurs voisins. Or, elle venait de révéler en quatre jours de bataille que, sous l’insigne tricolore des trois croissants qu’elle arborait fièrement, elle était la digne héritière de la iiie Augusta, la glorieuse légion de Numidie au temps de l’occupation romaine »51. Assurément, cette vision lui fut soufflée par le grand latiniste Jacques Heurgon, alors intégré à la 3e DIA dont il inspirait le commandant52. 53 Sur l’acquisition de la citoyenneté française par les légionnaires, ... 21La légion, logiquement absente de la seconde partie consacrée aux auxiliaires, est omniprésente dans la première, consacrée à la continuité entre Rome et la France en Afrique du nord. La raison en est simple même si, logistiquement, la Légion étrangère française correspond aux auxiliaires – des étrangers, non citoyens, combattant dans des unités spécifiques, engagés aux côtés des autres troupes, et recevant la citoyenneté à la fin de l’engagement53 –, elle seule, et non les auxiliaires, est invoquée par les Français pour argumenter la continuité avec Rome. Les parallèles techniques qu’on peut mettre en évidence entre auxilia et supplétifs ne sont que cela des réactions identiques à des situations identiques, même si elles ne sont pas identifiées comme telles. 22Les études anciennes dont étaient imprégnés les officiers du xixe s. sont une cause de cette vision, qui valorise la seule légion comme corps de troupe emblématique de Rome. L’exercitus Africae apparaissait comme un bloc, ces braves gens » félicités par l’empereur Hadrien qu’évoquait Gaston Boissier, une masse victorieuse indistincte venue d’Europe qui montrait la voie aux Français. L’importance numérique et stratégique des auxiliaires romains était alors inconnue, ils étaient ressentis comme les comparses insignifiants et occasionnels des prestigieuses unités légionnaires. Dans tous les cas il aurait été impossible d’insérer l’image des troupes indigènes, en partie héritées des Turcs vaincus, en partie issues de populations à combattre, dans le panorama dominant au xixe s. d’une Europe opposée aux barbares. Il fallut attendre les interventions décisives des troupes indigènes dans les guerres de libération européennes et l’affinement de la compréhension de la composition de l’armée romaine pour que le tableau se nuance, avant d’être mis en pièces à l’époque contemporaine. Haut de page Bibliographie Ageron 1995, Les supplétifs algériens dans l’armée française pendant la guerre d’Algérie », Vingtième Siècle, revue d’histoire 48, octobre-décembre, p. 3-20. Andreani A. 1889, Loi du 15 juillet 1889. 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Vous avez fait voir … qu’on ne fonde rien de stable sans le temps, et que, pour conquérir et pour coloniser une faible partie de cette Afrique, il a fallu du temps, beaucoup de temps, même au peuple qui, cependant, a été le plus grand des peuples colonisateurs, à ce peuple romain qui a fait du monde comme le domaine d’une ville ». Le prince félicite… » Boissier fait allusion au discours d’Hadrien » ; voir Les discours 2003 ; Speidel 2006. 5 Boissier 1895, p. V-VII et 25-26. 6 Cagnat 1892 ; les deux éditions 1892, 1913 sont dédiées à l’Armée française d’Afrique », formule calquée sur exercitus Africae qui, bien évidemment, ne comportait pas l’adjectif Romanus. 7 Le chant des Marocains, adapté pendant la Seconde guerre mondiale du chant de la Division Marocaine créé pendant la Première guerre, devint l’hymne de l’Armée d’Afrique, connu comme Les Africains ». Il fut interdit de 1962 à 1969, notamment parce qu’il avait été adopté par l’OAS. 8 Ranc 1877, p. 43 ; Ranc ne semble pas s’apercevoir que, en voulant railler l’armée française, il fait l’éloge d’autres colonisateurs. Voir aussi Bagnes d’Afrique 1981. 9 Cette lettre, souvent citée ainsi Ravoisié 1846, p. 46, est systématiquement reproduite dans les circulaires ministérielles organisant les honneurs funèbres rendus au duc d’Orléans Dondin-Payre 1998. Ce ne fut pas la mort prématurée du duc d’Orléans qui fit échouer le projet, qui, au contraire, faisait donc partie des hommages officiels prévus, mais la réticence du Génie et du Train qui ne voyaient ni comment tracer rapidement des routes ni comment n’utiliser que les chemins existants. 10 Exercitus Africae est employé ici non au sens strict de l’armée de la province d’Africa mais au sens métonymique de toutes les troupes romaines en garnison en Afrique du Nord. 11 Le Général Ch. Philebert, commandant la 6e Brigade en Tunisie, relatait que Pendant son séjour à Tataouin, la 6e Brigade, légitimement fière d’avoir pénétré si loin dans ces contrées jusqu’alors inconnues, a, à l’instar des légions romaines, laissé une inscription qui rappelle son passage. Sur un immense rocher qui domine la rivière et que le Génie a poli à cet effet, on a écrit en lettres gigantesques VIe Brigade de Tunisie / du 10 au 13 mai 1882 », Philebert 1895, p. 189. Plusieurs aquarelles dans Delamare 1850, ex. pl. 16, fig. 1 et p. 138 ; cf. Cagnat 1886, p. 242-243 En finissant, je vous signalerai des textes épigraphiques qui, pour n’être pas romains, n’en sont pas moins intéressants. Ce sont d’abord des inscriptions du xvie s. …, puis des inscriptions du xixe s. qui pourraient être mises en regard de certains bulletins de victoire laissés par les Romains sur la terre d’Afrique comme la suivante D’un côté de la porte du fort Clauzel à Bougie VII, p. 235 “La garnison / réduite à 900 hommes a élevé / ce fort / du 7 au 21 9bre en combattant / les 7,8,9,10,11 9bre 1835 / le Ct Larochette comdt supeur”. Ou classés parmi les mortes singulares dont un pays se fait honneur A côté de la porte du fort Clauzel VII, p 234 “A Naigeon, Ce / sapeur au 2me Rment du / Génie / tué le 20 9bre 1835 / en posant l’escalier du fort. / Ordre du jour du 13 Xbre”. Celle-ci légendée “Bougie Saldae 7bre 1844. Echelle de 0,20 pour mètre” constitue le pendant des commémorations de travaux publics romains. » 12 Nodier 1844, p. 192 La domination romaine a laissé son squelette immense couché tout entier sur ce vaste pays ; en l’étudiant, on voit ce que fut, pendant sa vie, ce colosse que rien n’a pu faire oublier depuis qu’il a disparu du monde qu’il remplissait presque seul. L’étude du système d’occupation des Romains serait d’une grande utilité ; ce n’est qu’en marchant sur leurs traces que nous donnerons une haute importance à notre magnifique conquête » ; p. 247 les Bibans que les Romains ne passèrent jamais » ; p. 249 des ruines romaines qui sont les dernières traces des Romains que l’on doive rencontrer sur cette route jusqu’à Alger » ; p. 313-314 Ce chef qui a fait flotter nos drapeaux là où les Romains avaient évité de faire flotter leurs aigles ». 13 Adrien Dauzats a réalisé plusieurs dessins préparatoires aquarellés, actuellement conservés dans les collections du musée de Chantilly ; selon les versions, l’armée n’est pas au sec, mais les pieds dans un oued, le soldat est en train de graver le rocher ou la gravure est terminée et la colonne s’éloigne ; l’inscription varie aussi Armée française 28 octobre 1839. 14 Nodier 1844, p. 263 entre la première et la seconde porte, le prince fait graver par les sapeurs armée française 1839 ». 15 Trajan fit édifier un pont et creuser la roche pour faire passer une route lors des guerres daciques du début du iie s. Une inscription, connue à l’époque moderne comme tabula Traiana, commémore cette réalisation CIL, III, 1699 = 8267. Elle se trouvait en aplomb de la route, juste au-dessus du Danube ; à la suite de la construction d’un barrage dans la seconde moitié du xxe s., le niveau du fleuve monta et l’inscription, ainsi que les vestiges du pont antique, furent déplacés dans un parc du côté serbe. Avant 2004, un homme d’affaires roumain, nommé Josif Constantin Drăgan, fit graver dans la paroi, juste en face, une immense tête du roi Décébale, qu’il légenda ainsi Decebalus rex Dragan fecit ! 16 D. M. S. Tito Flauio Maximo praefecto legionis III Augustae heredes Iulii Secundi quondam centurionis legionis suprascriptae, cui idem Maximus testamento suo monimentum sibi ex sestertium XII nummum faciendum delegauerat, Consacré aux Dieux Mânes, à Titus Flavius Maximus, préfet de la 3e légion Auguste, par les héritiers de Julius Secundus, autrefois centurion de la légion susdite, auquel le même Maximus avait, par testament, confié la mission de faire faire son tombeau pour un prix de 12 000 sesterces » CIL, VIII, 4317. 17 Dondin-Payre 2010 l’opération fut conduite avec une extrême minutie, les pierres numérotées reposées à leur ancien emplacement et la plaque funéraire latine réintégrée au-dessus du linteau. 18 Dondin-Payre 1991 ; citation Colonel Carbuccia, Archéologie de la Subdivision de Batna, manuscrit inédit, Bibliothèque de l’Institut de France MS 1369. Carbuccia développe Ce monument le tombeau menaçait ruine de toutes parts ; je prescrivis immédiatement de le démonter pour le reconstruire, trop heureux en ma qualité de Colonel de la 2e Légion étrangère française de rendre hommage à l’un des chefs de cette immortelle 3e Légion qui a laissé dans ce pays d’impérissables ruines ». … La garnison profitant de ce jour pour une promenade militaire est venue y [à la pose de la pierre] assister et a rendu les honneurs militaires au chef de la 3e légion Auguste par un feu de bataillon, puis la garnison a défilé devant le monument funéraire ». Carbuccia modifie l’expression de son grade pour refléter celui de l’officier romain 2e légion étrangère française au lieu de 2e régiment de légion étrangère ou 2e Étranger. 19 Pellissier de Reynaud 1844, I, p. 142-143. Pellissier poursuit Une seule chose embarrassait un peu les commentateurs de la proclamation du général Clauzel il y était question, comme dans celle du vainqueur des Pyramides, d’un certain nombre de siècles qui contemplaient l’armée française le chiffre variant selon les copies, les uns l’appliquaient à l’Atlas lui-même – qui certainement porte sur ses cimes bien des siècles écoulés ; d’autres pensaient qu’il s’agissait d’un antique tumulus, connu dans le pays sous le nom de Koubar-el-Roumia Tombeau de la Chrétienne – que l’on aperçoit de Mouzaïa, sur une colline au nord du pays des Hadjoutes ; enfin quelques plaisants prétendirent que les siècles qui nous contemplaient n’étaient autres que certains généraux que nous avait envoyés la Jeune France de Juillet, et qui, arrivés au terme d’une carrière fort honorable sans doute, semblaient se survivre à eux-mêmes ». 20 Le Bohec 1989b. 21 Benseddik 1982 ; Le Bohec 1989c. 22 Holder 1980 ; Benseddik 1982. 23 Y. Le Bohec 1989c, p. 33 estime que les formules ont la même signification. Sur les opérations militaires en Afrique romaine, La guerre 2014. 24 Azan 1936. La dénomination Armée d’Afrique » continua à s’appliquer, outre aux troupes qui conquirent la Régence d’Alger, à celles de Tunisie, du Maroc et du Sahara, toutes armes et spécialités confondues marine et armée de l’air comprises. L’Armée d’Afrique est, entre autres, le nom d’une revue, sous-titrée Organe de liaison entre les officiers des réserves Algérie-Tunisie et Maroc et leurs camarades de l’active », parue de 1924 à 1929 à Alger. 25 À l’origine, le mot supplétif » renvoie globalement aux hommes jugés inaptes au service au front et insérés dans des services auxiliaires non combattants, ou aux services annexes services de santé, de secrétariat, d’habillement ainsi qu’aux femmes, aux débuts de leur incorporation. Il semble n’être apparu qu’au début du xxe s., lors de la conquête du Maroc ; d’autres mots ont eu cours aussi partisans », irréguliers », auxiliaires indigènes ». Voir Andreani 1889, p. 98-100. Historique dans Ageron 1995, p. 3-5 ; Frémeaux 2009. 26 Le Bohec 1989a, p. 26-29 certaines unités d’infanterie, dites montées », comportent un certain nombre de cavaliers. 27 Le Bohec 1989c, p. 145 note 68 bibliographie antérieure sur les numeri . 28 Ainsi, les goums marocains sont des unités permanentes contrairement aux goums algériens. Au Maroc on reprit la création des goums en 1908 ; ces unités subsisteront jusqu’en 1956, quand elles seront intégrées à l’Armée royale. 29 Après les guerres de Crimée et de 1870 voir note 45, pour les guerres mondiales. 30 Hamdoune 1999. 31 Azan 1925 ; citation, p. 9. 32 Hamdoune 1999, p. 2. 33 Une des manifestations de cette improvisation est l’incorporation des Volontaires de la Charte » ; le gouvernement né de la révolution de 1830 se débarrassa de l’assemblage complètement hétéroclite de volontaires qui devaient exporter la révolution en Espagne en 1830 et de combattants des barricades à Paris en les envoyant en Algérie où ils furent incorporés à un régiment de zouaves ; l’échec fut total, et au bout de quelques mois le général Berthezène décida de former des unités de zouaves entièrement indigènes. Les volontaires parisiens passèrent alors dans les bataillons auxiliaires d’Afrique », qui, regroupés, formeront le 67e régiment d’infanterie, voir Galibert 1844, p. 401-402 ; Sessions 2010. 34 Frémeaux 2009, p. 1-5. 35 L’armée d’Afrique comptait au départ trois escadrons de cavalerie chaque escadron compte environ 150 hommes un au 13e régiment de Chasseurs, deux au 17e. Peu employés jusqu’à la prise d’Alger, ils se révélèrent très vite inefficaces face à la rapidité et la dextérité des cavaliers arabes. 36 Les expulsés, dont le nombre était estimé à 1500, furent dirigés vers Smyrne et l’Asie Mineure Shuval 2000, p. 326-328. 37 Yusuf, figure légendaire de l’armée d’Afrique, devint général en 1856. Le Ministère de la Guerre n’entérina l’insertion des spahis réguliers dans l’Armée d’Afrique qu’en 1834. Septembre 1834 création des spahis réguliers d’Alger ; 10 juin 1835 création des spahis réguliers de Bône ; 13 août 1836 création des spahis réguliers d’Oran. Ils sont alors désignés comme corps de cavalerie indigène » et sont organisés en régiment en 1845. 38 Quand Clauzel succéda à Bourmont en septembre 1830, il trouva 500 zouaves déjà réunis à Alger, 2000 étant prêts à les rejoindre. Sur toutes les troupes indigènes en Algérie, Brunon 1955 ; Montagnon 2012 ; Champeaux 2013, p. 1-5. 39 Arrêté du 1 octobre 1830 Il sera formé un ou plusieurs bataillons de zouaves ». Sur 22 officiers 6 sont indigènes, sur 673 sous-officiers et hommes de troupes 31 sont français ; au fil du temps la proportion de Français s’accrut, les indigènes se dirigeant plutôt vers les spahis. Les unités de zouaves furent restructurées à plusieurs reprises en 1842 3 bataillons sont organisés en un régiment ; en février 1852 3 régiments sont créés, un par province Alger, Oran, Constantine, à partir des 3 anciens bataillons. En mars 1855, un régiment des zouaves de la garde est créé, qui deviendra le 4e régiment en 1870. 40 Azan 1925 ; Willing 1996 ; Frémeaux 2009. Voir note 45. 41 Si les unités nouvelles extraordinaires ne deviennent pas des éléments fixes d’une armée régulière, elles disparaissent naturellement quand l’utilité spécifique qui a suscité leur création n’a plus cours. 42 Illustrations, voir 43 1er Tirailleurs d’Épinal reconstitué comme régiment régulier en 1994 ; 1er Spahis de Valence reconstitué comme régiment régulier en 1984. 44 Cité par Frémeaux 2009, p. 4 ; Azan 1925 ; Iani 2009. 45 Turco à l’origine fantassin, voir note 40 est devenu dans la langue commune un terme générique désignant tout membre d’une troupe indigène. Ici, le 5 décembre 1870, a succombé en défendant la patrie un Turco. Seul par cinq décharges successives, il arrêta un régiment prussien, et le bras cassé, il tira quatre fois encore, puis tomba criblé de balles. L’héroïsme est un baptême. Dieu lui fasse miséricorde ». Cet éloge funèbre, dont la tonalité chrétienne finale est révélatrice, fut rédigé par le lieutenant-colonel Testerode sans doute Eugène-Paul, du 36e régiment d’Infanterie de Ligne qui commandait l’unité dans laquelle était incorporé ce fantassin musulman resté anonyme, auquel il fit ériger en 1886 un mausolée en forme de pyramide près de Chanteau dans le Loiret. Plus tard, le Souvenir Français aménagea, au même cimetière de Chanteau, un tombeau de style pseudo-musulman conforme aux critères définis par l’armée française ; il s’agit sans doute de la première sépulture de soldat supplétif en métropole, voir Renard 2014. À Juranville, toujours dans le Loiret, un Turco est nommé, avec une orthographe erronée, sur la plaque et non sur une tombe apposée non par une autorité militaire, mais par le Souvenir français, sur la maison au Pavé de Juranville où est réputé s’être déroulé l’épisode relaté dans l’éloge funèbre À la Mémoire de Hamed-ben-Kacy, soldat au 3e Régiment de Tirailleurs Algériens qui, retranché dans cette maison, s’est défendu avec acharnement contre un grand nombre de Prussiens et en a tué sept avant de succomber. 28 novembre 1870. À nous le souvenir, à lui l’immortalité », voir 46 Une ordonnance du 21 mars 1831 crée deux escadrons de chasseurs numides » ou chasseurs algériens » ; ces cavaliers sont aussi désignés par l’oxymore zouaves fantassins à cheval » parce que, par commodité, ils sont jumelés à un bataillon de zouaves constitué au même moment ; c’est comme si on avait appelé légionnaires » les cavaliers des ailes attachées aux légions romaines. 47 Créé en 1854-55, à la suite des trois autres, ce régiment de zouaves de la Garde impériale » d’où l’aigle est aussi connu comme 4e régiment de zouaves. Il fut dissous en 1870 ; ; Notices historiques sur le Corps des Zouaves 1830-1962, 48 Azan 1925, p. 59. 49 Formée par le général de Monsabert, elle est composée de trois régiments de tirailleurs 3e et 7e Tirailleurs algériens, 4e Tirailleurs tunisiens. La Victoire de Constantine, expressément choisie pour figurer sur cet emblème, est une statuette romaine découverte dans la casbah de Constantine lors de travaux, en 1855 Audollent 1896 ; une réplique fut placée au sommet du monument aux morts de la guerre de 1914, lui-même en forme d’arc de triomphe romain. 50 Monsabert 2000, p. 194 Nous sommes, vis-à-vis des Alliés, ce que nos indigènes sont vis-à-vis de nous. Ah, quand la France reprendra-t-elle sa place ? ». 51 Juin 1959, p. 264. Sur la participation de la division à la campagne d’Italie, et les polémiques qu’elle suscita, Baris 2007. 52 Heurgon 1978, p. 115. De même J. Heurgon souffla l’idée de la prise d’armes de l’unité sur le forum de Pompéi illustration, R. Maumet, Montsabert le Romain, 53 Sur l’acquisition de la citoyenneté française par les légionnaires, ; elle peut être demandée à partir de trois ans de service ; elle est accordée après blessure au combat. Dans tous les cas le légionnaire peut la de page Pour citer cet article Référence papier Monique Dondin-Payre, Les auxiliaires militaires de l’armée d’Afrique héritiers de l’exercitus Africae ? », Antiquités africaines, 56 2020, 357-364. Référence électronique Monique Dondin-Payre, Les auxiliaires militaires de l’armée d’Afrique héritiers de l’exercitus Africae ? », Antiquités africaines [En ligne], 56 2020, mis en ligne le 01 décembre 2020, consulté le 19 août 2022. URL ; DOI de page
Le39e Ri appartenait à la 5e DIM et au 2e CA et son régiment de pionniers était donc le 602e RP. Tous les régiments de pionniers sont en 600 +le chiffre du CA: 602e RP= 600+2. Le 9eRI appartenait à la 235e DLI formée dans l'urgence en juin 40 et j'ignore si elle disposait de pionniers. Cordialement.
je transfère le post et comme tu le dit ténardier il n'était pas a sa place Re Sidi Bel Abbes par tenardier Hier à 1454je sais que ca n'a rien avoir mais j'ai pas pu m'empecher, trop de souvenirs!!!![url= y a jamais de boudin pour les belges ? sont sympas les belgestenardier Messages 44Date d'inscription 06/04/2010Age 44Localisation Digne les bains par tenardier Hier à 1459C'est nous les descendants des régiments d'AfriqueLes chasseurs, les spahis, les gourmiersGardiens et défenseurs d'empires magnifiquesSous l'ardent soleil chevauchant sans répit nos fiers coursiersToujours prets à servirA vaincre ou à mourirNos coeurs se sont unisPour la Trompette au garde à vous, sonnez à l'étendardEt que fièrement dans le ciel montent nos trois couleursLe souffle de la France anime la fanfareEt met à chacun, un peu d'air du pays au fond du coeurC'est notre volontéDe vaincre ou de lutterDe consacrer nos viesA la Patrie. 3. La piste est difficile et toujours nous appellePar les Monts pelés de Taza, de Ksar's Souk, de MideltL'élan de Bournazel vers le TafilaletSur les Ksour ralliés plantera fièrement nos trois Ensemble nous referons gaiement flotter nos étendartsEt suivrons partout hardiement l'éclat des trois couleursEnsemble nouc reprendrons demain le chemin du départEt pour le pays seront prêts à lutter sans nulle Soldats, toujours devant, toujours la tête haute,Nous serons présents sous la pluie, dans le vent, en avant!L'ennemi nous trouvera le coeur plein de courageEt dans ce combat glorieux revivront tous nos y a jamais de boudin pour les belges ? sont sympas les belges
Le4e régiment de chasseurs d'Afrique ( 4e RCA) est un régiment de cavalerie de l' armée française, créé en 1839 et dissous en 1962. Ses traditions sont gardées par le 4e régiment de
C'est nous les descendants des Régiments d'Afrique I C'est nous les descendants des régiments d'AfriqueLes chasseurs, les spahis, les goumiersGardiens et défenseurs d'empires magnifiquesSous l'ardent soleil chevauchant sans répit nos fiers coursiersToujours prêts à servirA vaincre ou à mourirNos coeurs se sont unisPour la Patrie ! La la la II Trompette au garde à vous, sonnez à l'étendardEt que fièrement dans le ciel montent nos trois couleursLe souffle de la France anime la fanfareEt met à chacun, un peu d'air du pays au fond du coeurC'est notre volontéDe vaincre ou de lutterDe consacrer nos viesA la Patrie ! La la la III La piste est difficile et toujours nous appellePar les Monts pelés de Taza, de Ksar's Souk, de MideltL'élan de Bournazel vers le TafilaletSur les K'sour ralliés plantera fièrement nos trois couleurs ! Voir l'article ICI
Etc'est vrai que dans les stalags, ils n'y ont fait, pour la plupart, que des passages ; le but de la Wehrmacht étant d'utiliser cette main d'oeuvre vitale pour l'économie du Reich, ils étaient détachés dans des camps de travail où ils étaient aussi logés le plus souvent où encore regroupés à proximité dans "des camps secondaires". D'après les rapports des visites
Du Royal-Cravate » de Louis XIV aux Régiments Croates de Napoléon Allocutions prononcées à l’occasion de l’inauguration, le 28 octobre 1956, de la plaque aux régiments croates, publiées dans la revue d’histoire militaire Carnet de la Sabretache » n°416, juin 1957. Pour honorer la mémoire des Croates ayant combattu avec les armées françaises, le Comité des Travailleurs croates a fait apposer sur les murs de notre Hôtel une plaque qui va, désormais, rappeler à tous la fidèle et lourde part que nos amis croates ont prise à notre histoire militaire. Allocution de M. Mirko METER Vice-Président du Comité des Travailleurs croates en France L’Hôtel des Invalides est, pour tous les Français, nous le savons, le mémorial permanent de la gloire militaire de leur patrie. Qu’il soit permis à des travailleurs croates d’y apporter, avec cette plaque commémorative, à la fois l’hommage de leur administration pour les soldats croates et français qui, sous le même drapeau, ont combattu pour la lente et difficile création d’une Europe viable et humaine, et aussi l’hommage de leur affection pour la France, affection qui s’épanouit dans leur cœur et dans leur cerveau, en reconnaissance de l’asile fraternel que leur a offert la République, fidèle gardienne de ses traditions d’hospitalité. À la mémoire des régiments croates qui sous le drapeau français ont partagé la gloire de l’armée française » Hôtel des Invalides - Cour d’honneur Nous sommes ici dans le Temple de Patrie. Par une association d’idées inéluctable, nous pensons à notre propre patrie. Elle est fort ancienne, notre patrie, pour laquelle nous professons tous un amour qui défie les souffrances morales et physiques. Dès le IIe siècle après Jésus-Christ, sur la mer d’Azov, à l’embouchure du Don, sur le sol de l’antique colonie grecque de Tanaïs, le mot croate » figure sur les tombes. Sous empereur Héraclius, qui régna de 610 à 641, notre peuple était déjà fixé sur le territoire compris entre la Drave et le littoral adriatique. Ce n’est pas le lieu, ici, de faire un cours d’histoire de Croatie. Mais il est nous cependant permis de rappeler combien est restée vivace, au cours des siècles, la volonté d’indépendance politique, depuis qu’elle fut la pensée dominante d’un Viseslav, premier prince croate dont l’histoire connaît le nom, qui vivait en l’an 800, jusqu’au premier roi croate Tomislav en 925. Tous les croates savent que, lorsque Tomislav ceignit la couronne royale avec l’approbation de la Diète nationale et celle du Pape Jean X, la Croatie constituait une unité nationale certaine et un État fort. Cet État était fort sur terre et sur mer. Porphyrogénète nous assure qu’il disposait d’une armée de cent mille fantassins et de soixante mille cavaliers. Sa population était alors de deux millions d’habitants, ce qui en faisait un État plus grand et plus important que l’Angleterre d’alors. Son importance militaire et économique était attesté par sa flotte. La Croatie possédait 180 navires alors que Venise en avait juste 200. Il n’est pas en Croatie un enfant, même des régions les plus reculées, qui ne sache quel grand roi fut Zvonimir, élu au pouvoir suprême en 1076. Avec la protection du Pape Grégoire VII, le roi Zvonimir assura la paix en Croatie, ce que lui permit de la doter de la prospérité, qui est attestée par les vielles chroniques et dont on trouve encore le souvenir dans certains chants populaires. Un fait capital domine l’histoire de Croatie. Lorsque, après la mort tragique du roi Zvonimir, Ladislas, roi de Hongrie, intervint militairement dans les affaires croates, le peuple croate résista vingt ans par les armes. Le peuple croate ne sait pas être un vaincu. Il ne courbe pas la tête. Il ne sait pas accepter les dominations imposées. Le successeur de Ladislas, Koloman, roi de Hongrie, ne put adjoindre la Croatie à la Hongrie comme terre de conquête. Les représentants des douze tribus croates l’élirent roi de Croatie. Koloman se trouva ainsi être à la fois roi de Hongrie et roi de Croatie. C’était là une union personnelle de deux couronnes. Cette union, dont la forme devait varier plusieurs fois, durera plus de huit cents ans. Le fait capital pour l’histoire de Croatie est celui-ci l’individualité de l’État croate était reconnue ; il était constaté que le peuple croate formait une nation politique. Il résulte de ce rapide et très sommaire aperçu de nos faits nationaux que, depuis les temps très reculés, nous constituons une individualité nationale qu’il n’est au pouvoir de personne de supprimer. Certes, au cours des siècles, la vie historique du peuple croate a été mouvementée, parfois très dure. Elle l’a été d’autant plus que la Croatie a été le premier bastion de défense européenne. Sur ce bastion les Croates se sont maintenus avec courage et prudence, prompts à se sacrifier. Ils ont ainsi donné la preuve d’une rare conscience du sentiment européen. Jamais le peuple croate n’a abdiqué son particularisme, héritage de son passé glorieux et base de sa vie politique. Un exemple typique s’en trouve dans l’attitude des Croates de Bosnie pendant leur soumission à l’autorité ottomane. Ces Croates islamisés n’ont jamais parlé la langue turque, employée dans l’administration, ni la langue arabe, qui était celle de la religion. Bien mieux ils ont imposé leur propre langue à l’occupant turc. Au XVIe siècle, c’est la langue croate qui était usuellement employée à la Cour du Sultan et dans la diplomatie ottomane. Le cours des événements européens avait fragmenté les pays croates. Les révolutions politiques et leurs conséquences diplomatiques, sociales, furent, au XIXe siècle, un stimulant pour la résurrection nationale croate. Vitezovic enseignait que la nation croate ne pouvait vivre que par la réunion de tous les pays croates en un seul corps ? Cette idée pénétra dans les cœurs croates. Elle prit en eux un aspect religieux. C’est dans cette religion patriotique que prit naissance le réveil national du peuple croate. Ce sens du patriotisme, cet effort permanent vers l’unité nationale, ces aspirations vers la liberté, cette haine de l’oppression, ce désir de vivre en paix avec ses voisins ne pouvaient que faciliter la sympathie mutuelle de deux peuples ayant les mêmes passions et le même idéal, le peuple français et le peuple croate. Si nous y ajoutons le goût pour le métier des armes, nous comprenons immédiatement comment ces deux peuples ont pu inscrire en commun dans leur histoire des pages de grandeur militaire. Ce sont des cavaliers croates qui, sous le roi Louis XV, sont venus renforcer la cavalerie française. Un des régiments de cavalerie les plus estimés en France portait le nom de Royal-Croate ». Pendant la guerre de 1870, la formation à laquelle il avait donné naissance, le premier régiment de cuirassiers, se couvrit de gloire à la bataille de Rezonville. Chacun connaît la présence des troupes croates sous les drapeaux de Napoléon 1er. En des temps beaucoup plus proches de nous, ces années dernières, des soldats croates, engagés dans l’armée française, dans la célèbre Légion Étrangère, sont tombés pour la France à Madagascar, en Indochine. Il en est encore qui servent la France, sous son drapeau, en Afrique du Nord. Les uns et les autres, les cavaliers de Louis XV, les soldats de Napoléon 1er, les engagés volontaires de la République, nous les englobons dans la même affection. Et la plus noble, la plus vraie des expressions de cette affectation, ne peut être que ce cri, qui jaillit de nos consciences, de notre affectation, de notre reconnaissance Vive la France ! * Allocution de Monsieur le Général d’Armée ZELLER Gouverneur Militaire de Paris Messieurs, C’est avec une gratitude profonde que nous acceptons cette plaque de marbre destinée à perpétuer la mémoire des soldats croates qui, à de nombreuses périodes de notre histoire, ont mélangé leur sang à celui des soldats français, ont partagé leurs souffrances et leur gloire. Votre geste, dans sa magnifique simplicité, nous touche très vivement il frappe par son désintéressement, par tout ce qu’il comporte chez vous de qualité de cœur, de noble fierté, d’amitié et d’amour pour notre pays. Il ressuscite le souvenir du Régiment Royal Croate de Louis XV, ancêtre de notre Ier Régiment de Cuirassiers, des fantassins et des hussards croates de la Grande Armée, des nombreux soldats qui, à travers l’histoire et jusqu’à nos jours, sont venus de votre pays, isolément ou par groupes, pour servir dans les rangs de notre Armée. Et comment ne pas évoquer spécialement ici - à quelques dizaines de mètre du Tombeau du Grand Empereur, à quelques pas de sa statue - ces trois Régiments Croates qui participèrent si glorieusement aux dernières campagnes du Ier Empire - à Ostrovno, le 25 juillet 1812, où le 1er Régiment reçoit le baptême du feu et est cité au Bulletin de la Grande Armée ; - à Polotsk où le 3e Régiment se distingue particulièrement ; - à la Moskova, en septembre, où le 1er Régiment se forme encore en carré et repousse à plusieurs reprises les charges de la Cavalerie Russe – ce qui lui vaut d’entrer le 15 septembre à Moscou ; - à la Bérézina où, après la dure retraite, se retrouvent les débris des 1er et 3e Régiments ; - en 1813, où les 1er et 3e Régiments combattent en maints endroits ; - au siège de Magdebourg enfin, où le 2e Bataillon du 1er Régiment résiste avec la garnison jusqu’au 23 mai 1814, deux mois après la capitulation de Paris. Et comment ne pas citer le brave Colonel Slivaric, nommé Général par l’Empereur en février 1813 et qui, resté à la tête de son Régiment, malgré des fatigues extrêmes, était hautement apprécié par ses chefs ? Et comment ne pas donner les pertes en officiers de ces trois Régiments, les seules qui nous soient parvenues et qui nous donnent une idée de celles de ces vaillantes troupes - 18 officiers tués, 75 blessés, sur un effectif de 130 environ ; - 29 Légions d’Honneur attribuées. Vous êtes, Messieurs, les descendants, les héritiers de ces soldats d’autrefois, comme vous êtes les fils, les frères, les compagnons de ceux d’hier et d’aujourd’hui. Dans ce magnifique Hôtel des Invalides, devenu le temple de la Gloire militaire, le geste pieux de l’Union des Travailleurs croates méritait d’être souligné. Vous étiez déjà présents ici, par la pensée, par l’atmosphère qui règne en ces lieux. Mais vous avez matérialisé cela par l’apposition de cette plaque. Plus que jamais, maintenant, Messieurs, vous êtes ici chez vous.
HonneurTraditions Paroles: C'est nous les descendants des régiments d'Afrique Les chasseurs, les spahis, les goumiers Gardiens et défenseurs n'empires magnifiques Sous l'ardent soleil
18 février 2014 - Seul le prononcé fait foi Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, en hommage aux anciens combattants musulmans, à Paris le 18 février 2014. Télécharger le .pdf Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,Mesdames, Messieurs les ministres,Mesdames, Messieurs les élus,Messieurs les représentants des cultes,Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,Monsieur le Recteur,C'est un moment, je le sais, particulièrement émouvant pour vous. Non seulement de nous accueillir ici, mais de saluer la mémoire des musulmans qui sont venus combattre, lors de la Première Guerre mondiale, puis ensuite lors de la Seconde pour libérer notre année, la France va célébrer deux événements majeurs le début de la Grande Guerre et le commencement de la Libération de notre pays avec le 70ème anniversaire des Libérations. Dans ces moments cruciaux, dans ces deux moments historiques, des hommes sont venus du monde entier pour nous sauver. Et une grande part de ceux qui sont venus d'Afrique, étaient des cette vérité simple que je suis venu rappeler aujourd'hui pour que personne n'oublie ou pire même, pour que personne n'occulte cette vérité. C'est aux enfants de ceux qui sont venus combattre sur notre sol, un sol où ils n'étaient pas nés, que je tiens à m'adresser aujourd'hui. Pour qu'ils soient fiers de ce qu'on fait leurs parents, leurs grands-parents, pour notre pays, pour la fais cet hommage, ici, dans un lieu chargé de symboles la Grande Grande Mosquée fut en effet construite au lendemain de la Première Guerre mondiale, avec une intention bien particulière la reconnaissance de la Nation française à l'endroit des soldats l'avez rappelé, Monsieur le Recteur, cette mosquée est née de la volonté des Maréchaux de France ceux-là mêmes qui avaient été les chefs de ces soldats venus du monde entier, et pour beaucoup musulmans. Ces Maréchaux de France voulaient qu'il y ait un lieu qui puisse saluer, rappeler, furent entendus puisque un vote du Parlement, le 29 juin 1920 le rapporteur en était Edouard HERRIOT put dégager un budget destiné à la construction de la mosquée. Et c'est le Président Gaston DOUMERGUE qui inaugura ici ce lieu, le 15 juillet Grande mosquée est désormais inscrite dans le paysage parisien. C'est un lieu de culte, mais aussi un lieu de culture, un lieu d'échanges, où toutes les religions se retrouvent, où toutes les générations peuvent également partager des moments de recueillement et toujours de fidélité à la Nation et à la Grande mosquée devait permettre de saluer le sacrifice des musulmans qui avaient combattu, et pour beaucoup étaient morts durant la Première Guerre mondiale, mais également des musulmans qui avaient combattu sous l'uniforme français, en Crimée en 1853, au Mexique, puis à SedanTous ces évènements n'étaient pas forcément des victoires et ne correspondaient pas toujours à ce que l'on pouvait attendre de la France. Mais ces soldats étaient venus. Ils étaient venus pour marquer leur fidélité et leur loyauté, à ce qui n'était pas la République puisque j'ai évoqué la Crimée, le Mexique et Sedan c'était l'Empire mais à ce qui était la nation c'est surtout par rapport à la Grande Guerre que cette mosquée, cette Grande mosquée, ici à Paris, avait été construite et le Recteur, je sais combien vous êtes attaché à ces évocations. Puisque c'est à votre initiative, en 1992, qu'une plaque fut posée à Verdun. Dix ans plus tard, vous avez défendu l'idée d'un monument sur ce même champ de bataille Verdun car beaucoup de soldats musulmans y avaient fait, là-encore, la démonstration de leur courage et avaient payé le prix du sang. Ce monument fut inauguré en 2006. Et aujourd'hui, c'est un projet que vous portez depuis plus de vingt ans, qui aboutit et qui trouve sa soldats que l'on évoque aujourd'hui, c'était qui ? Des tirailleurs, des goumiers, des spahis, parfois même des zouaves. Tels étaient les noms de leurs régiments. Qui étaient-ils ? C'était parfois des conscrits, parfois des engagés, parfois des combattants volontaires. Beaucoup venaient d'Algérie 175 000, mobilisés pour la guerre de 1914. Près de 25 000 y laissèrent leur furent recrutés en Afrique noire 180 000 tirailleurs durant la Première Guerre mondiale, essentiellement du Sénégal. Mais nous avons eu aussi des Tunisiens, des Marocains, qui sont venus se battre en France. D'autres encore venaient de plus loin, des Comores, de Djibouti, et des actuels ces hommes se sont illustrés par leur bravoure et ont forcé l'admiration de leurs chefs je citais les Maréchaux de France. A la fin de la Grande Guerre, les unités de maghrébins furent parmi les plus décorées de l'armée française. Les tirailleurs sénégalais reçurent eux, le 28 avril 1919, l'hommage de Georges CLEMENCEAU, encore Président du Conseil, qui leur remit la Croix de ans plus tard, d'autres hommes, venus des mêmes territoires, parfois fils des premiers, ont répondu présents à l'appel du général de GAULLE puis, ensuite, de la France pour aller combattre pour sa libération. J'ai eu l'occasion de rendre hommage, à Bastia, aux goumiers marocains qui jouèrent un rôle majeur dans la libération de la Corse en 1943, premier département à pouvoir être libéré en métropole, annonçant ainsi la libération de notre pays un an plus la libération de notre pays par l'armée de Provence, 40% des effectifs étaient des soldats musulmans. Je rappelle qu'en août 1944, l'armée du général de LATTRE de TASSIGNY, était composée d'un grand nombre de Français d'Afrique du Nord, de toutes confessions d'ailleurs juifs, catholiques, musulmans Au total, plus de 70 000 musulmans et sans doute davantage, participèrent à la libération de la gradés et tirailleurs seront faits compagnons de la Libération par le général de GAULLE. Et l'un, plus illustre que d'autres, fut le Roi Mohammed V. Le général de GAULLE voulait ainsi démontrer, en faisant ces choix, que c'était des hommes venant de partout qui avaient contribué à la libération de notre pays et qui resterait à jamais des avons donc dévoilé deux plaques qui rappellent les régiments, pour la Première Guerre, comme pour la Seconde. Mais nous avons aussi voulu, au-delà de ce mémorial, identifier les soldats qui ont laissé leur vie sur notre territoire. Chacun pourra donc retrouver ici, à travers ces bornes interactives, l'identité et le parcours de ces hommes. C'est une réparation qui est ainsi hommes n'étaient pas des inconnus, mais ils étaient des anonymes. Non pas que l'on voulait les oublier mais, puisqu'ils n'étaient pas nés en France, sur notre territoire, ils ne pouvaient pas figurer sur les monuments aux morts. Il était temps que nous puissions accomplir cet acte de justice. C'est fait aujourd'hui. Maintenant, les soldats musulmans tombés pour notre pays pourront être connus de tous et surtout de leurs propres enfants ou petits-enfants, qui retrouveront leur parcours, leur combat, leur est vrai qu'il est né une fraternité des armes à travers ces conflits. Et cette Grande mosquée nous le rappelle. Il y a eu un lien très fort établi, après la Première Guerre mondiale, entre l'Islam et la République, pour la défense de la souveraineté et de la liberté de notre pourquoi cet hommage qui s'adresse aux morts est également tourné vers les vivants. C'est un appel au respect au respect des morts d'hier, ceux qui ont combattus pour nous £ au respect des morts d'aujourd'hui, à travers l'obligation qui nous est faite de permettre dans nos cimetières d'avoir des carrés c'est aussi un appel au respect des vivants qui nous oblige à lutter farouchement contre les discriminations, les inégalités, pire encore, le racisme, et à être intraitables à l'égard des paroles et des actes anti-musulmans, à la profanation des lieux de cultes. S'en prendre à une mosquée, comme encore la semaine dernière à Blois, ou s'en prendre à une église, à une synagogue à un temple, c'est s'attaquer à l'ensemble de la communauté personne dans notre pays, ne doit pouvoir être menacé, ou pire même agressé, pour ses croyances pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public. Ce principe est inscrit depuis deux siècles dans notre déclaration des droits de l'Homme. Nous y sommes particulièrement France, elle est riche de sa diversité, mais elle est forte de son unité. Une valeur essentielle nous permet de faire vivre ces deux exigences c'est la laïcité. Pour que tous les citoyens puissent vivre ensemble, pour qu'aucun n'ait à renoncer à ses convictions, pour que nul ne puisse imposer sa religion à l'autre, nos règles communes doivent être fixées par une seule loi la loi de la au nom de la laïcité qu'est reconnu un Islam de France. Un Islam qui porte un message d'ouverture, de tolérance, de solidarité. Un Islam qui ait ses lieux et ses imams en parfaite harmonie avec les valeurs que nous partageons tous et qui doivent être formés en conséquence, en lien avec nos universités. Un Islam qui ait une représentation, et une place pour dialoguer avec l'Etat. Un Islam donc parfaitement compatible avec les valeurs de la l'ai dit, Mesdames et Messieurs, l'hommage que nous rendons aujourd'hui aux soldats musulmans morts pour la France s'adresse à toute la communauté nationale, et à toutes celles et tous ceux qui, à un moment, s'interrogent sur leur destin, sur leur place et parfois même sur leur descendants de ces soldats, où qu'ils soient, je leur dis ici ma gratitude. A ceux qui sont en France, devenus Français, pleinement Français, je leur dis aussi combien ils peuvent être fiers de leur pays et de leurs parents, et conscients que la République a une dette à leur égard. La France n'oubliera jamais le prix du sang versé. Elle gardera en mémoire les noms de ceux qui se sont battus pour notre liberté, sans distinction d'origine, ni de devoir de mémoire honore une Nation. Il permet le rassemblement de tous, il réconcilie les histoires personnelles familiales, parfois tourmentées. Il participe de la reconnaissance du parcours de chacun. Le devoir de mémoire est aussi une contribution, non seulement à ce que notre pays a été, mais à ce qu'il peut être si nous ajoutons à ce devoir de mémoire le devoir de et nous en avons fait la preuve aujourd'hui nous partageons le même destin, nous sommes dans la même communauté la Nation. Une Nation doit toujours regarder l'Histoire pour savoir comment elle peut préparer son avenir. C'est ce que nous avons fait ici dans ce lieu, la Grande mosquée, en reconnaissance pour tous ces soldats venus du monde entier nous donner notre liberté, à ces musulmans qui sont restés des musulmans jusqu'au bout, mais d'abord qui ont donné leur sang pour la
Leconstat que je peux porter c'est que ces descendants essaient de minimiser l'engagement de leur ailleul, même si les conditions de vie , et que l'idéologie des membres d'une même famille aiet pu différer On tourne toujours sur la thématique lutte contre Bolchevisme. Ce qu'oublie de dire, à mon sens les descendants, c'est que personne n'a forcer les Volontaires
jeudi 11 juin 2015, par La mission assignée à mon groupement est la suivante • Dans un premier temps, déboucher de la crête de Longegoutte, progresser de part et d’autre de la Moselotte, puis, se couvrant face à Gérardmer, prendre pied sur la route des crêtes entre le Hohneck et le Schweisselwasen ; • Dans un deuxième temps, déferler sur Guebwiller et le Hartmannswillerkopf. De son côté, la I re renforcée des parachutistes du colonel Faure, des commandos, de la brigade indépendante Alsace-Lorraine Malraux, du corps franc Pommiès et du I er bataillon du Charolais, doit couvrir au plus près le flanc sud de mon groupement, d’abord en s’emparant du Thillot, puis en se portant sur la vallée de la Thur par les cols de Bussang et d’Oderen ; • Enfin, la Ire maintiendra la liaison avec le I er vers Champagney et liera son action à celle de la Ire en occupant le ballon d’Alsace et en descendant la vallée de la Doller vers Masevaux. Chargé de l’effort principal avec un groupement équivalant à deux divisions, j’ai pleinement conscience de l’importance comme de la difficulté de la mission qui m’incombe, mais j’ai une entière confiance dans la valeur de l’outil de combat mis à ma disposition. C’est tout d’abord ma division, la 3e forgée en Algérie au lendemain du débarquement allié en Afrique du Nord par le général de Monsabert, qui lui a insufflé son dynamisme et son ardent esprit offensif. Il lui a donné sa cohésion. Cette division, c’est lui qui l’a conduite de victoire en victoire en Italie, du Garigliano à Rome et à Sienne. C’est lui qui, après le débarquement sur les côtes de Provence à la mi-août, l’a lancée, dans un élan irrésistible, sur Toulon, où elle a fait tomber par débordement les résistances allemandes tandis que quelques bataillons, épaulés par les goums, jetés témérairement sur Marseille, libèrent cette ville, arrachée à un adversaire très supérieur en nombre. C’est lui enfin qui, de Marseille, pousse la 3e par la route détournée des Alpes jusqu’au Jura où, arrêtée, à bout d’essence et de munitions, elle n’en tente pas moins, avec ses avant-gardes, de barrer aux troupes allemandes en retraite, l’accès à la trouée de Belfort. Les 2e et 3e comptent parmi les quatre groupements que j’avais réussi à former au Maroc dans la clandestinité après l’armistice. Je connais personnellement leurs cadres et surtout je connais la valeur de ces goumiers berbères, descendants authentiques des guerriers d’Annibal de qui ils ont hérité la fougue, la rusticité et un attachement total à leurs chefs. Après la rupture du front allemand du Garigliano, ces goumiers n’ont-ils pas été le fer de lance de l’offensive alliée sur Rome, à travers les monts Aurunci et Lepini. Le 2e du colonel de Latour n’a pas, il est vrai, participé à la campagne d’Italie. Retenu en Corse où il avait libéré Bastia, il devait être le meilleur artisan de la conquête de l’île d’Elbe par le général de Lattre. En Provence, les I er, 2e et 3e avaient apporté à la 3e pour la libération de Marseille un concours décisif. Ce qui contribue à me donner confiance dans le succès de ma mission, c’est l’engagement, à la droite de mon groupement, de la Ire du général du Vigier, dont les unités brûlent du désir de déboucher victorieusement en Alsace. Malheureusement, les Vosges sont le terrain le plus impropre à la manoeuvre de grandes unités blindées. Toutes les routes, tous les chemins de montagne conduisant vers la ligne des crêtes, à travers l’épaisse forêt vosgienne, seront barrés hermétiquement par des abattis successifs, truffés de mines, battus par des feux précis d’artillerie, d’armes antichars et de mortiers. Pour déborder ces obstacles, la Ire disposera d’une infanterie d’élite parachutistes, zouaves, » choc », commandos d’Afrique dont les effectifs, toujours insuffisants, seront rapidement usés. Quant à l’aviation, du fait d’un ciel en permanence bouché par le brouillard ou d’épais nuages, avec seulement quatre jours d’éclaircies en trois mois, elle sera, comme d’ailleurs l’aviation allemande, hors d’état d’éclairer et d’intervenir dans le combat. En définitive, de toutes les armes d’appui, seule l’artillerie, malgré les difficultés d’observation en pleine forêt et par un temps toujours couvert, apportera le concours le plus constant et le plus efficace à notre infanterie. Elle le fera par la précision et la rapidité du déclenchement de ses tirs, mais surtout par la puissance de ses concentrations dans toute la mesure permise par la pénurie d’obus. Aux heures les plus critiques de la bataille, le général Besançon, dont l’ 3 sera fréquemment renforcée par la valeur d’une ou deux artilleries divisionnaires, opposera aux plus violentes contre-attaques allemandes un barrage infranchissable. Mon plus sérieux handicap sera le glissement constant vers le nord des divisions américaines voisines 3e, puis 36e menace de créer un vide sur mon flanc gauche.. C’est la conjugaison de ces divers facteurs, positifs et négatifs, qui va déterminer le déroulement des opérations de mon groupement du 3 octobre au 24 décembre 1944, le facteur déterminant demeurant, de bout en bout, l’acharnement du commandement allemand à nous interdire l’accès à la plaine d’Alsace en jetant devant nous dans la .défense et dans la contre-attaque, la totalité des réserves dont il pourra disposer. sources article du Général Guillaume Historia magazine 1969
Chezles descendants des Français d'Outre-mer, particulièrement ceux d'Algérie, et plus généralement chez tous ceux qui ont gardé un souvenir nostalgique de la période coloniale, la participation à la guerre symbolise la réussite de l'idée impériale. Chez les descendants des anciens colonisés, la participation des aïeux à l’effort de guerre de l’ex
Chant de la cavalerie d'Afrique les trompettes d'Aïda ✕ C'est nous Les descendants des régiments d'Afrique Les chasseurs, les spahis, les goumiers Gardiens et défenseurs d'empires magnifiques Sous l'ardent soleil chevauchant Sans répit leurs fiers coursiers. Toujours prêts à servir À vaincre ou à mourir Nos coeurs se sont unis Pour la Patrie. Trompettes Au garde à vous, sonnez, Sonnez à l'étendard Et que fièrement dans le ciel Montent nos trois couleurs Le souffle de la France anime la fanfare Et met à chacun un peu d'air du pays Au fond du cœur. C'est notre volonté De vaincre ou de lutter De consacrer nos vies À la Patrie. La piste est difficile et toujours nous appelle Par les monts pelés de Taza, de Ksar’ Souk, de Midelt L’élan de Bournazel vers le Tafilalet Sur les Ksours ralliés plantera fièrement nos trois couleursC’est notre volonté De vaincre ou de lutter De consacrer nos vies A la nous referons gaiement flotter nos étendards Et suivrons partout hardiment l’éclat des trois couleurs Ensemble nous reprendrons demain le chemin du départ Et pour le pays serons prêts à lutter sans nulle peurC’est notre volonté De vaincre ou de lutter De consacrer nos vies A la toujours devant, toujours la tête haute Nous serons présents sous la pluie, dans le vent, en avant ! L’ennemi nous trouvera le cœur plein de courage Et dans ce combat glorieux revivront nos héros ✕Dernière modification par Floppylou Mar, 02/04/2019 - 0853
Etune grande part de ceux qui sont venus d’Afrique, étaient des musulmans. C’est cette vérité simple que je suis venu rappeler aujourd’hui pour que personne n’oublie ou pire même, pour que personne n’occulte cette vérité. C’est aux enfants de ceux qui sont venus combattre sur notre sol, un sol où ils n’étaient pas nés, que je tiens à m’adresser aujourd’hui. Pour qu
L'Afrique a été, nul ne l'ignore, le lieu de la réorganisation d'une armée française suffisamment puissante pour permettre à la France combattante de jouer un rôle significatif. Sur sept grandes unités de l'Armée B, appelée à former en 1944-1945 l'essentiel du corps de bataille français, trois portent des dénominations faisant explicitement référence à leurs origines nord-africaines la 3e DIA Division d'infanterie algérienne, la 2e DIM Division d'infanterie marocaine et la 4e DMM Division marocaine de montagne. Deux autres sont issues des troupes de Marine la Ire DFL Division française libre et la 9e DIC Division d'infanterie coloniale et à ce titre originaires d'Afrique noire. Des régiments de l'armée d'Afrique, zouaves, légionnaires, spahis, chasseurs d'Afrique, figurent dans l'ordre de bataille des Ire et 5e Divisions blindées. Il faut aussi rappeler la participation à la campagne du groupe des commandos d'Afrique, et des trois Groupements de tabors marocains. Au 1er juillet 1944, sur 200 000 hommes à pied d'oeuvre en Afrique du Nord et en Italie, au titre de l'Armée B, les Français et les indigènes sont en nombre à peu près équivalent respectivement 90 000/110 000, dont environ 95 000 Maghrébins et 15 000 Africains d'Afrique noire.Parmi les faits d'armes, il convient de citer le rôle des tirailleurs sénégalais dans la libération de Toulon, celui des tabors et des tirailleurs algériens dans la libération de Marseille. Mais une armée forme un tout, et tel exploit d'une unité n'est concevable que par la coopération avec d'autres unités de combat, mais aussi avec des armes et services moins célébrés, mais indispensables comme l'Intendance. A qui attribuer le mérite d'avoir atteint les objectifs essentiels, Marseille et Toulon, avec près d'un mois d'avance sur les prévisions, sinon à un état d'esprit général qui a autorisé, comme le souligne de Lattre, toutes les initiatives et toutes les audaces du commandement ? L'union naît d'abord de ce que l'on peut appeler un amalgame. Le contingent mêle des Français, citoyens mobilisés selon les principes du service militaire universel, et des " indigènes " pour reprendre la terminologie d'alors soumis pour la plupart Algérie, Tunisie, Afrique noire à une conscription partielle. A ces mobilisés s'ajoutent des engagés volontaires de toutes origines, Français ou " indigènes " de l'armée de métier, ou évadés de métropole, ou légionnaires. Le pourcentage des indigènes dans les grandes unités varie entre un quart divisions blindées et deux tiers divisions d'infanterie coloniale. Ils servent surtout dans les régiments d'infanterie à raison d'environ 70 % de l'effectif total et de cavalerie, mais sont représentés dans toutes les armes. Ils sont ainsi environ 30 % dans l'artillerie et 40 % dans le génie. Ils sont de même présents dans les services et soutiens par exemple le 6e RIA sert à constituer les 503e et 504e Groupes de transport, ainsi que dans les formations sanitaires. Cet amalgame, il est vrai, diminue à mesure qu'on s'élève dans la hiérarchie, puisque, au 1er mai 1944, les officiers indigènes ne représentent que 2 % du total, et les sous-officiers 20 %. Cette armée reflète aussi le pays d'où elle est sortie. Ce sont ces Français d'Afrique du Nord, dont beaucoup sont naturalisés depuis une ou deux générations, formés à l'école de la République, animés d'un patriotisme de frontière, prêts à se dévouer à la grandeur d'une France dont ils sentent obscurément qu'elle est garante de leur enracinement. Ce sont les paysans d'Afrique, accoutumés à une vie rude et frugale, et à l'autorité sans conteste de leurs notables, sous le commandement des administrateurs ou des officiers d'affaires indigènes français, commandement accepté et même respecté, pour peu que les chefs manifestent leur intérêt et leur compréhension pour leurs administrés. Outre un solide encadrement, rompu au commandement des troupes non-européennes, l'armée offre au jeune " indigène " l'occasion d'une sorte d'émancipation de son milieu social et de sa condition coloniale, en prouvant sa valeur a été, nul ne l'ignore, le lieu de la réorganisation d'une armée française suffisamment puissante pour permettre à la France combattante de jouer un rôle significatif. Sur sept grandes unités de l'Armée B, appelée à former en 1944-1945 l'essentiel du corps de bataille français, trois portent des dénominations faisant explicitement référence à leurs origines nord-africaines la 3e DIA Division d'infanterie algérienne, la 2e DIM Division d'infanterie marocaine et la 4e DMM Division marocaine de montagne. Deux autres sont issues des troupes de Marine la Ire DFL Division française libre et la 9e DIC Division d'infanterie coloniale et à ce titre originaires d'Afrique noire. Des régiments de l'armée d'Afrique, zouaves, légionnaires, spahis, chasseurs d'Afrique, figurent dans l'ordre de bataille des Ire et 5e Divisions blindées. Il faut aussi rappeler la participation à la campagne du groupe des commandos d'Afrique, et des trois Groupements de tabors marocains. Au 1er juillet 1944, sur 200 000 hommes à pied d'oeuvre en Afrique du Nord et en Italie, au titre de l'Armée B, les Français et les indigènes sont en nombre à peu près équivalent respectivement 90 000/110 000, dont environ 95 000 Maghrébins et 15 000 Africains d'Afrique noire.Parmi les faits d'armes, il convient de citer le rôle des tirailleurs sénégalais dans la libération de Toulon, celui des tabors et des tirailleurs algériens dans la libération de Marseille. Mais une armée forme un tout, et tel exploit d'une unité n'est concevable que par la coopération avec d'autres unités de combat, mais aussi avec des armes et services moins célébrés, mais indispensables comme l'Intendance. A qui attribuer le mérite d'avoir atteint les objectifs essentiels, Marseille et Toulon, avec près d'un mois d'avance sur les prévisions, sinon à un état d'esprit général qui a autorisé, comme le souligne de Lattre, toutes les initiatives et toutes les audaces du commandement ? L'union naît d'abord de ce que l'on peut appeler un amalgame. Le contingent mêle des Français, citoyens mobilisés selon les principes du service militaire universel, et des " indigènes " pour reprendre la terminologie d'alors soumis pour la plupart Algérie, Tunisie, Afrique noire à une conscription partielle. A ces mobilisés s'ajoutent des engagés volontaires de toutes origines, Français ou " indigènes " de l'armée de métier, ou évadés de métropole, ou légionnaires. Le pourcentage des indigènes dans les grandes unités varie entre un quart divisions blindées et deux tiers divisions d'infanterie coloniale. Ils servent surtout dans les régiments d'infanterie à raison d'environ 70 % de l'effectif total et de cavalerie, mais sont représentés dans toutes les armes. Ils sont ainsi environ 30 % dans l'artillerie et 40 % dans le génie. Ils sont de même présents dans les services et soutiens par exemple le 6e RIA sert à constituer les 503e et 504e Groupes de transport, ainsi que dans les formations sanitaires. Cet amalgame, il est vrai, diminue à mesure qu'on s'élève dans la hiérarchie, puisque, au 1er mai 1944, les officiers indigènes ne représentent que 2 % du total, et les sous-officiers 20 %. Cette armée reflète aussi le pays d'où elle est sortie. Ce sont ces Français d'Afrique du Nord, dont beaucoup sont naturalisés depuis une ou deux générations, formés à l'école de la République, animés d'un patriotisme de frontière, prêts à se dévouer à la grandeur d'une France dont ils sentent obscurément qu'elle est garante de leur enracinement. Ce sont les paysans d'Afrique, accoutumés à une vie rude et frugale, et à l'autorité sans conteste de leurs notables, sous le commandement des administrateurs ou des officiers d'affaires indigènes français, commandement accepté et même respecté, pour peu que les chefs manifestent leur intérêt et leur compréhension pour leurs administrés. Outre un solide encadrement, rompu au commandement des troupes non-européennes, l'armée offre au jeune " indigène " l'occasion d'une sorte d'émancipation de son milieu social et de sa condition coloniale, en prouvant sa valeur ceci explique que ce soient des contingents à moral très élevé qui débarquent en Provence le 15 août 1944 et accomplissent leur mission avec une discipline et une abnégation au-delà de tout éloge. A-t-on toujours bien compris, comprend-on aujourd'hui, en France et en Afrique, pourquoi ils se battaient ainsi ? Nous aimerions avoir aidé à le faire comprendre à leurs descendants et aux descendants de ceux qu'ils ont contribué à profitons de l'actualité pour indiquer que depuis la sortie du film Indigènes » de Rachid Bouchareb, le gouvernement a souhaité améliorer la situation des anciens combattants coloniaux. Au total, près de 80 000 vétérans, âgés de plus de 65 ans, sont concernés dans 23 pays. Environ 40 000 vivent en Algérie et au Maroc, et 15 000 en Afrique noire, en particulier au Sénégal et au l'époque de l'indépendance des Etats africains, les pensions des anciens combattants ont été gelées à leur niveau de ce que l'administration française appelle la cristallisation».Les inégalitésse sont alors creusées, puisque les pensions des anciens combattants français étaient régulièrement les anciens tirailleurs perçoivent en moyenne un quart de ce que touchent leurs camarades français. Se pose enfin la question de la rétroactivité de ces mesures, qui, en droit français, ne peut dépasser quatre ans. Après quarante ans d' 2005, le Musée Militaire de Villeneuve-Loubet avait programmé une exposition temporaire sur l'armée d'Afrique, du 30 octobre au 4 décembre 2006. Les événements qui ont suivi ce choix ne sont que pures coïncidences. En effet, la présentation au Festival du Film de Cannes, en mai 2006, du film Indigènes » et sa sortie dans les salles, en octobre 2006, ont contribué à augmenter considérablement le nombre de visiteurs aussi bien lors de son inauguration, qu'après. Tous ont pu apprécier l'hommage rendu à ces combattants, en particulier des scolaires accompagnés de leurs professeurs des Philippe WALONISLOWDécouvrez une nouvelle façon d'obtenir des réponses à toutes vos questions ! Profitez des connaissances, des opinions et des expériences des internautes sur Yahoo! Questions/Réponses.
Toutau contraire l’armée d’Afrique était un amalgame réussi d’hommes de toutes origines, et ses anciens ont parfaitement témoigné de la fraternité des armes qu’ils ont vécu ensemble. L’occasion est belle de souligner le formidable engagement de la population pied-noir à cette occasion. C’est la quasi-totalité de la population mâle en âge de se battre des français 1Lorsque l’on évoque l’origine étrangère de certains chants militaires français, on pense immédiatement à l’influence des chants allemands, souvent médiatisée. Si elle est importante, elle est pourtant loin d’être la seule. Avant d’aborder le répertoire de ces chansons, il faut se souvenir que les armées de l’Ancien Régime ont compté jusqu’à 20 % d’unités étrangères des régiments suisses, dont certains intégrés à la Maison du roi, allemands, écossais, irlandais, italiens, wallons, hongrois, polonais… Durant l’Empire, des soldats issus de toutes les armées d’Europe ont combattu sous ses drapeaux, avec leurs chansons. Puis dans les unités coloniales, des hommes recrutés dans les populations pacifiées. Aujourd’hui, c’est la Légion qui fournit le plus gros apport de chants étrangers. 2Les témoignages sur les chansons des soldats des armées d’Ancien Régime n’existent pas et Favard, contrairement à ce que pourrait donner à penser le titre de chansonnier de l’armée » qu’il s’est octroyé, ne travaille que pour le maréchal de Saxe. Le seul cahier de chansons de soldats d’avant la Révolution identifié [1] ne recense que quelques titres, tous en français, que l’on retrouve dans les recueils militaires suisses. Rousseau déjà citait la nostalgie de leur Ranz des vaches qui, en évoquant le pays natal, poussait les soldats helvètes à la désertion, raison pour laquelle il fut défendu, sous peine de mort, de le jouer dans leur troupe » [2]. Ces recueils indiquent que le chant des Adieux suisses a été entonné par les gardes aux Tuileries le 10 août 1792 avant leur massacre ; il est le seul à subsister aujourd’hui dans le répertoire français. Der rot Schweizer, rappelant la couleur rouge de l’uniforme des Suisses, est certainement antérieur à la Révolution et devait être relativement connu car il est présent dans plusieurs de leurs recueils [3]. Bien connu aussi le Beresinalied créé le 28 novembre 1812 lors du passage de la Bérézina [4]. Ces deux chants ont disparu du répertoire français [5]. 3Les survivants des dernières unités suisses ont été intégrés aux régiments de la nouvelle Légion étrangère en 1831. Du fait de son recrutement particulier, cette troupe va constituer la principale source de chants d’origine étrangère dans l’armée française. Joseph Vingtrinier remarquait déjà avant la Grande Guerre qu’ un très grand nombre de soldats de la Légion sont autrichiens, bavarois, badois, mecklembourgeois ou même prussiens ; aussi chante-t-on, à la Légion, beaucoup de chansons allemandes » [6]. Il cite Studio auf einer Reis, une chanson d’étudiants que l’on retrouve dans leur Kommersbuch [7] ainsi que dans le répertoire des soldats et dont la mélodie sera utilisée par les scouts au siècle suivant sous le nom de Youkaïdi, mais les légionnaires ne le chantent plus. 4La principale source de documentation sur les chants de la Légion est fournie par ses recueils. Toutefois, les principales éditions ne remontent pas au-delà de la guerre d’Indochine [8]. Le premier recueil officiel, édité en 1959, fait remonter certaines chansons à l’entre-deux-guerres Anne-Marie du 1er rei et Anne-Marie du 2e rei. Monika, en revanche, est datée de 1925 alors qu’elle n’est publiée pour la première fois en Allemagne qu’en 1938. Jamais collecté, le répertoire antérieur à la Seconde Guerre mondiale reste relativement méconnu. En effet, dans l’armée française, avant l’apparition des enregistrements, les répertoires étaient cloisonnés un légionnaire ne chantait pas de chansons colos », les airs entonnés en école n’étaient pas connus de la troupe… Et que les légionnaires chantent des chansons allemandes n’intéressait personne, surtout pas les civils. La Légion innove lorsqu’elle commercialise en 1950 les premiers enregistrements de chants militaires [9]. 5Le commandement de la Légion utilise alors le chant comme un moyen d’expression. Le message est destiné au Parti communiste qui mène violemment campagne en métropole contre la Légion et le corps expéditionnaire, et obtient des résultats les collectes de sang ne servent pas aux soldats d’Indochine, les embarquements de troupes et de matériels doivent être opérés de nuit. Une loi est votée en 1950 prévoyant que les Français appelés sous les drapeaux ne pourront, en temps de paix, être employés sur des territoires où se déroulent des opérations militaires, ce qui aggrave les difficultés du recrutement. Parallèlement, le pcf envoie par l’intermédiaire de l’Union soviétique et de la Chine certains de ses cadres assister les communistes vietnamiens. On en retrouvera notamment dans l’encadrement des camps de prisonniers ; Georges Boudarel en est l’exemple le plus connu. La Légion est visée directement par ces attaques, car son recrutement étranger à la motivation considérée comme plus fragile peut laisser espérer de meilleurs résultats à l’action de la propagande que sur les autres troupes. De plus, elle a recruté des professionnels au sein des meilleures unités de l’armée vaincue. 6Confrontés au même ennemi idéologique sur le front de l’Est qu’en Indochine, ces soldats vont adapter leur ancien répertoire, d’autant plus qu’il avait déjà été en partie traduit par les Français engagés à leurs côtés. La compagnie de légionnaires parachutistes du capitaine Morin, créée en 1948, est une des unités où s’opère ce transfert [10]. Contre les Viets était chanté Contre les Rouges, les moscoutaires » ne sont plus évoqués dans Nous sommes tous des volontaires, et La Rue appartient – le titre annonce la couleur car il n’y a pas de combats de rue en Indochine – avait été créée en français au sein de la lvf Légion des volontaires français. 7Le contexte explique pourquoi le commandement de la Légion valide ce changement de programme. La première liste [11] proposée à la souscription en novembre 1950 ne retenait que des titres traditionnels, alors que les chants nouveaux les remplacent pour les enregistrements [12]. Ceux-ci sont réalisés par une chorale sous la direction du capitaine Hallo [13]. Ces tout premiers pressages [14] de chants légionnaires sont destinés au marché métropolitain et envoient donc un message à ceux qui s’en prennent au corps expéditionnaire. On peut considérer qu’il est reçu fort et clair, car le premier chant antimilitariste de l’après-guerre, Quand un soldat, composé par Francis Lemarque, est créé par Yves Montand, dont on connaît les affinités politiques, à peine un an plus tard, en février 1952, à la Mutualité, puis chanté lors d’un meeting du Mouvement pour la paix, une émanation du pcf. Ce nouveau rôle du chant militaire met en évidence l’ouverture d’un dialogue avec le répertoire de certains chansonniers. Un rôle qui n’est pas complètement nouveau puisque déjà la Révolution avait largement utilisé la chanson pour diffuser ses idées La Marseillaise, composée sous le titre Chant de guerre pour l’armée du Rhin, est à l’origine une chanson de soldats qui s’adressait aux partisans de la liberté et, à travers eux, au monde. 8Le recueil [15] édité par le 1er escadron du 1er rec en Indochine vers 1950 publie une majorité de chansons allemandes, surtout militaires, mais aussi traditionnelles. Ces chants réunis par le maréchal-des-logis Winkler s’adressent essentiellement aux germanophones et attestent de l’importance de leur effectif au sein de la Légion au sortir de la Seconde Guerre mondiale. On y trouve quand même un chant italien ainsi que le grand succès espagnol, La Paloma, déjà chanté pendant la campagne du Mexique. Les trois éditions du recueil du père Vesvrotte, Chante Légion, publié par l’aumônerie catholique de la Légion au Tonkin [16], comportent plusieurs chants sur des airs allemands ; l’audience visée est plus vaste car la plupart sont traduits sauf ceux de Noël O Tannenbaum, O du selige et Stille Nacht ainsi que quelques chants traditionnels Ein Heller und ein Batzen, Westerwald et militaires appréciés Edelweiss, In Sans-Souci am Mühlenberg. 9Si l’état-major n’intervient pas dans l’édition des recueils et des enregistrements, il est parfaitement conscient de l’importance du chant. En 1957, le service d’action psychologique et d’information du ministère de la Défense publie une Note d’information sur l’action psychologique [17], dans le premier numéro de laquelle on trouve une étude intitulée La chanson est aussi une arme ». 10Efficace, la Légion sert de modèle et le 3e rpc de Bigeard enregistre le premier microsillon de chants parachutistes en 1958 [18]. La plupart d’entre eux se chantent sur des airs allemands Contre les Viets, Die dunkle Nacht ist nun vorbei La Sombre nuit est passée », Être et durer, Westerwald, une chanson de marche appréciée composée en 1932 ; Au Terrain, Auf Kreta, un chant des parachutistes allemands ; Sous les pins de la BA, Die Panzer rollen in Afrika Les Blindés roulent en Afrique », chant composé pour l’Afrikakorps par Norbert Schulze, le compositeur de Lili Marleen ; Loin de chez nous, Fern bei Sedan, inspiré d’un chant de la guerre de 1870. Mais il ne faudrait pas voir dans ces emprunts une éventuelle filiation idéologique, car si Les Compagnons se chante sur un air composé pour les sa en 1925, Als die goldene Abendsonne Quand se lève l’aube dorée », ses paroles françaises avaient été écrites par Pierre Jamet [19] pour la chorale des auberges de jeunesse avant la guerre. On trouve aussi deux chants légionnaires composés dans l’armée française directement en allemand, le 1er chant du 1er rec et Schwarze Rose. 11Sur le même disque, le Chant de la compagnie portée emprunte sa mélodie au film Le Pont de la rivière Kwaï, sorti sur les écrans en 1958. La musique avait été composée par le major Ricketts en 1914, juste avant la déclaration de guerre, sous le nom de Colonel Bogey. C’est pratiquement le seul air d’origine anglaise dans le répertoire militaire français, ce qui est plutôt étonnant étant donné le casernement et la formation des soldats de la France libre en Angleterre pendant toute la Seconde Guerre mondiale. 12L’influence étasunienne est plus sensible puisqu’on la retrouve dans le chant des parachutistes Alleluia Gory, gory [20] alleluia/Bon voyage pour les paras » inspiré du chant des paras américains de la Seconde Guerre mondiale, Blood on the Risers Du sang dans les suspentes », qui reprend l’air du célèbre Battle Hymn of the Republic, le chant le plus populaire dans les armées de l’Union pendant la guerre de Sécession. Jeune chef, le chant de l’École des sous-officiers ensoa, a été écrit par le lieutenant Chailley en 1963 sur l’air de You are my Sunshine, une chanson country très populaire aux États-Unis. Les élèves officiers de la promotion Capitaine Bourgin » de l’École militaire interarmes emia ont tenté en 1962 d’introduire des mélodies d’outre-Atlantique avec leur chant de promo sur l’air du Battle Hymn of the Republic et avec Rire, chanter, sourire sur l’air de Marching Through Georgia, mais sans succès [21]. Les Bérets verts, que l’on trouve dans les recueils de la Légion à partir de 1993, est la traduction de The Ballad of the Green Berets, restée six semaines numéro un dans les hit-parades américains en 1966 et reprise dans le film de John Wayne du même nom. Nos pères les Gaulois, chant du 92e ri apparu dans le courant des années 1980, reprend quant à lui l’air de When Johnny Comes Marching Home, créé pendant la guerre de Sécession à partir d’une chanson irlandaise. On peut citer encore Les Traqueurs d’ondes, le chant du 54e régiment de transmission, sur l’air du Battle Hymn of the Republic. En revanche, les tentatives d’adaptation des cadences, ces chansons typiques de l’armée des États-Unis, telles qu’on peut en écouter sur Youtube [22], n’ont jamais pu réellement aboutir dans les unités françaises. 13Parmi les autres influences, la mélodie du chant du 1er rhp, Les Hussards de Bercheny, est empruntée à un chant de la fédération anarchiste espagnole, Hijos del pueblo Fils du peuple », lui-même issu du chant révolutionnaire soviétique La Varsovienne. Les hussards parachutistes chantent aussi un chant hongrois dans la langue d’origine, Bercheny hongrois. 14Plusieurs chants bien connus, La Galette, L’Artilleur de Metz et Les Régiments d’Afrique, ont une origine italienne puisqu’ils reprennent des airs d’un opéra de Bellini Les Puritains ou de Verdi Aïda ; un seul, Les Grèves, se chante sur un air plus militant qui provient des partisans de l’unification, L’Addio del volontario. Déjà rencontrée, l’influence russe est présente dans Les Cosaques et Les Partisans blancs, ce dernier moins fréquent chez les militaires que chez les militants politiques. Sarie Marès, introduit à la fin de la Seconde Guerre mondiale est, lui, d’origine sud-africaine [23] et s’il a été adopté par l’emia, il est chanté dans toute l’armée française. Parmi les curiosités, il faut citer Belo Ya Mama, composé en 1995 sur un air centrafricain, chanté uniquement au ricm et ne figurant dans aucun recueil de chants identifié [24]. 15L’apport le plus original de ces dernières années vient du répertoire mélanésien. Il va à l’encontre de la politique initiée par la Révolution française et reprise à partir de la IIIe République visant à éliminer les langues régionales [25]. On connaissait quelques titres utilisés par ces contingents insulaires lors des deux guerres mondiales, mais leur généralisation dans l’armée remonte aux années 1990. Le haka réalisé sur les Champs-Élysées pour le défilé du 14 juillet 2011 confirme la diffusion de ces chants traditionnels au sein de l’armée française. Interprétées dans leur langue d’origine, les paroles ne sont pas forcément comprises des chanteurs métropolitains, mais cela n’a pas d’importance. Parmi les plus connus, on peut citer Te sitima, et surtout Tamarii volontaire, probablement parce qu’il fut celui des volontaires venus combattre en métropole pendant la Seconde Guerre mondiale. 16Cet inventaire ne fait que présenter les titres collectés. Il serait intéressant d’essayer de chiffrer l’importance respective de ces différentes influences, mais il faudrait pour cela distinguer les chants en service de ceux qui ont disparu et, pour ceux en usage, cerner leur audience pour évaluer leur importance dans le répertoire. Dans une pratique essentiellement orale, les outils de mesure sont délicats à élaborer. L’influence germanique est certainement la plus importante. Lorsque le commandement publie la première édition du tta 107 en 1980, on y trouve sept airs d’origine allemande. La deuxième, en 1985, en donne seize, soit plus de 19 %. Bien que ces éditions soient présentées comme le seul répertoire officiel de l’armée de terre, elles entrent donc en contradiction avec les notes du général Delaunay 02323 du 17 juin 1982 et du général Schmitt 02663 du 15 juin 1987, cette dernière interdisant les chants liés au souvenir de l’occupation allemande » et l’interprétation de chants en allemand ». Ces notes, comme les deux éditions du tta 107 et sa refonte envisagée en 1989 par le général Forray [26], s’inscrivent dans une tentative d’encadrement du répertoire spécifique à cette décennie et sans équivalent dans l’histoire de l’armée française, puisqu’à part la période révolutionnaire où le chant est utilisé comme un outil de propagande, la pratique de celui-ci relève des usages et n’est jamais réglementée. En 1910, le ministère de la Guerre lance bien un concours de chansons destinées aux troupes en marche et en station » [27], mais aucun résultat n’est publié et seuls quelques recueils régimentaires sont édités. 17La tentative de publication d’un recueil officiel de chants militaires coïncide avec l’arrivée de la gauche au pouvoir pour la première fois sous la Ve République et reprend un argumentaire antimilitariste qui vise à l’affaiblissement d’un outil de cohésion efficace. La dénonciation des chants nazis » dans l’armée française est à l’origine de l’affaire du lycée militaire d’Aix-en-Provence en 1985 il ne s’agissait en réalité que de l’étude de Westerwald pendant un cours d’allemand, on la retrouve dans les bizutages, elle sert encore pour demander de dénazifier » le répertoire [28]. Mais quand des nationaux-socialistes tentent de déstabiliser la Légion étrangère dans l’entre-deux-guerres, on ne relève pas qu’ils utilisent le chant comme outil de subversion [29]. De fait, l’incidence réelle de ces directives n’a été que marginale et les politiques semblent avoir renoncé à intervenir dans le répertoire militaire. 18Les raisons d’une telle influence remarquée dès la fin du xixe siècle sont probablement à chercher dans le recrutement particulier de la Légion, mais aussi dans le rôle du chant dans les pays germaniques depuis Luther. Jusque-là, l’Europe chantait d’une seule voix, mais en reléguant le latin à Rome, la Réforme a transformé l’allemand en langue liturgique et fait prendre conscience aux populations qui le parlent de leur identité commune. Les cantiques protestants, puis les chants issus de la guerre de libération contre les troupes françaises entretiennent et développent des répertoires dans lesquels ces populations se reconnaissent au-delà des États et qui les conduiront à l’unité allemande. 19Il faut aussi relever que l’armée française ne conserve pas dans ses répertoires le souvenir des chansons des soldats des unités d’origine étrangère de l’armée d’Afrique. Les tirailleurs d’Afrique du Nord, d’Afrique noire ou d’Extrême-Orient ont probablement chanté dans leur langue pendant leur service, mais il n’en reste quasiment aucune trace. Lehuraux cite uniquement un chant de victoire des tirailleurs marocains, Moulay Idriss, et Khedidja [30]. Il ne mentionne pas le Tekbir, entonné lors des obsèques de certains musulmans. 20Ce constat rend compte de l’impossibilité, à l’époque, d’établir un dialogue ou d’intégrer ces chants comme on le fait avec ceux des Mélanésiens aujourd’hui. Car la chanson est un outil de communication, elle établit une forme de dialogue entre les communautés d’une même nation, comme entre les peuples d’une même civilisation. En fournissant des soldats aux armées européennes, les Suisses ont été longtemps à la confluence des répertoires militaires allemands, français et italiens, ainsi qu’en attestent leurs recueils. En adoptant ces chants, en grande partie à travers la Légion étrangère, c’est toute l’armée française qui a hérité de cette capacité à entretenir un dialogue chanté entre les peuples et à développer un patrimoine musical sans équivalent dans aucune armée. 21Nous étions trop heureux mon amieNous avions trop d’espoir et d’amourNous croyions nous aimer pour la vieMais hélas, les beaux jours sont si bonheur dure un peu sur cette terreEntends-tu tout là-bas le tambourMon doux cœur je m’en vais à la guerreNe crains rien jusqu’au jour du a franchi nos frontièresIl a pris nos maisons et nos champsPour reprendre le pays de nos pèresIl faut vaincre ou mourir baisers étaient doux à mes lèvresTon sourire était doux à mes yeuxAujourd’hui tes larmes sont amèresDonne-moi le baiser de l’ si le sort veut que je meureRetirez cet anneau de mon doigtMon amie est là-bas qui me pleureDites-lui cette bague est à toi. 22Contre les VietsContre les Viets, contre l’ennemi,Partout où le combat fait signe,Soldats de France, soldats du pays,Nous remonterons vers les légionnaires,Le combat qui commence,Met dans nos âmes,Enthousiasme et vaillance,Peuvent pleuvoir, grenades et gravats, bisNotre victoire en aura plus d’éclat. bisEt si la mort nous frappe en chemin,Si nos doigts sanglants se crispent au sol,Un dernier rêve adieu et à demain,Nous souhaiterons faire le vent les balles, malgré les obus,Sous les rafales ou et sous les bombes,Nous avançons vers le même but,Dédaignant l’appel de la tombe. 23Être et durerSi tu crois en ton destin,Si tu crois aux lendemains,L’ami faut pas hésiterPrends ton sac et viens sauter,Avec nous tu pourras marcherTu pourras être et aimer et pour souffrirY a pas deux moyens de trouver tout ça,Pour toi sans aucun douteViens chez les tu retournes au pays,Si tu vas revoir ta mie,Pour nous tu lui conteras,Nos chants, nos cris, nos combats,Mais qu’elle t’attende ou qu’elle t’oubliePense à ceux qui sont tu as le goût du risque,Si tu restes sur la piste,La piste garce et cruelle,La piste sauvage et belle,Mourant tu sauras l’aimerCar elle t’aura tout donné. 24Schwarze RoseIm Hafen kehren die Legionäre,Bei der schwarzen Rose pfeiffen auf Geld und Ruhm und Ehre,Denn schon bald kann alles anders Rose von OranKüss’ noch einmal deinen Legionäre,Schwarze Rose von OranVielleicht siehst du ihn nicht Rose, Schwarze Rose,Küss’ noch einmal deinen LegionäreSchwarze Rose, Schwarze Rose,Vielleicht siehst du ihn nicht Leben gehört den LegionärenDenn du kennst den großen Schmerz,Du weisst dass sie niemals wiederkehrenDarun schenkst du den Jungen auch dein le port, les légionnairesDescendent à la Rose se moquent de l’argent, de la gloire et de l’honneurCar bientôt tout peut Rose noire d’Oran,Embrasse encore une fois tes légionnaires,Toi Rose noire d’OranCar peut-être tu ne les reverras noire, Rose noire,Embrasse encore une fois tes légionnaires,Rose noire, rose noire,Car peut-être tu ne les reverras vie appartient aux légionnaires,Car tu connais leur grande douleurTu sais qu’ils ne reviendront jamaisC’est pour ça que tu offres ton cœur à ces gars. 25Jeune chefLe clairon nous réveille,Le canon nous appelleLe fracas des combatsNous ensorcelleAinsi chantait l’ancienVibrant aux souvenirsDe l’épopée que tous ses charges épiques,Ses combats héroïquesQui rappelaient la furie fantastique,Il faudra comme luiBrandissant nos drapeauxUn jour sans lui,Mener la troupe d’ te formeraDans un creuset d’acier,Mais toi seul trouverasL’esprit guerrier,Le souffle de la gloire,L’ivresse de la victoirePour te jeter au choc d’un dois dans la mitraille,Devenir la murailleFièrement dressée contre les invasions,Et creuser des sillonsDans les noirs tourbillons,Mourir s’il fautPour la patrie meurtrie. 26Bercheny hongroisGyenge violanakLetorott az agaAz en banatomnakNimcs a szelKesmark felettEdes RozsamIsten Bercsenyi micklosSirdogal magabanElfogyott SzegenynekMinden a szelKesmark felettEdes hazamIsten frêleA perdu sa brancheMa tristesseN’a pas de vent fait bruitAu-dessus de KésmarkMa chère amieAdieu, de Bercheny, le Grand,Pleure en lui-mêmeIl a perdu, le pauvre,Tous ses vent fait bruitAu-dessus de KésmarkMa chère patrie,Adieu, Adieu. 27Les régiments d’AfriqueC’est nous les descendants des régiments d’AfriqueLes chasseurs, les spahis, les goumiersGardiens et défenseurs d’empires magnifiquesSous l’ardent soleil chevauchant sans répit nos fiers prêts à servirÀ vaincre ou à mourirNos cœurs se sont unisPour la au garde à vous sonnez à l’étendardEt que fièrement dans le ciel montent nos trois couleursLe souffle de la France anime la fanfareEt met à chacun un peu d’air du pays au fond du notre volontéDe vaincre ou de lutterDe consacrer nos viesÀ la piste est difficile et toujours nous appellePar les monts pelés de Taza, de Ksar’s Souk, de de Bournazel vers le TafilaletSur les Ksour ralliés plantera fièrement nos trois nous referons gaiement flotter nos étendardsEt suivrons partout hardiment l’éclat des trois nous reprendrons demain le chemin du départEt pour le pays serons prêts à lutter sans nulle toujours devant, toujours la tête hauteNous serons présents sous la pluie, dans le vent, en avantL’ennemi nous trouvera le cœur plein de courageEt dans ce combat glorieux revivront tous nos héros. 28Belo Ya MamaC’est le coq du trois Hei !Qui vient d’arriverC’est le coq du trois Hei !Qui va tout Belo, Belo ya MamaBelo, Belo, Belo ya Mama, Selo !Libreville Bangui Hei !Les coqs en avantSarajevo ailleurs Hei !Sommes jours retour à Vannes hei !La joie de revoirMerci notre belle ville hei !De nous terre djiboutienne Hei !Tout comme à PoitiersLes marsouins du trois Hei !Se sont l’honneur des nôtres Hei !Tombés à BouakéDroit sur Abidjan Hei !Le trois a Monique a é hei !Belo ya mamaMama Monique a é hei !Belo ya mama. 29Tamarii volontaireMato’u teie tamarii volontaireO ta œ ite tau maineîTe farï nei mato’u ite tuve bisNo to mato’u hau ne tua bisTeie maineï to nau tamariiO ta œ ite tau maineïTe hia rua tona tava Raa bisTe vahi o te rupe bisTRADUCTIONNous voici les enfants volontairesQue tu as rappelésNous acceptons la loiDe notre voilà ces enfantsQue tu as rappelésLeurs perchoirs serontSur un endroit posé par la brume. Notes [1] Cent chansons françaises au siècle des Lumières le manuscrit Berssous de la Chapelle d’Abondance, [2] Œuvres complètes, tome III, Paris, 1853, p. 743. [3] Hanns in der Gand, Das Schwyzerfähnli, Bern, Der Rosius Verlag, 1915, tome I, p. 30 ; Friedrich Niggli, Lieder aus der Heimat, Zürich, Gebrüder Hug & co., 1930, p. 4. [4] Das Schwyzerfähnli, Bern, Der Rosius Verlag, 1915, p. 36. [5] Un recueil pour les anciens soldats germaniques de la Grande Armée est publié. Nikolaus Müller, Liederbuch für die Veteranen der großen Napoleonsarmee von 1803 bis 1814, Mainz, Johann Wirth Verlag, 1837. [6] Joseph Vingtrinier, Chants et chansons des soldats de France, Albert Méricant, 1907, p. 224. [7] Les étudiants éditent à partir de 1858 l’Allgemeines Deutsches Kommersbuch, un recueil de chants étudiants et folkloriques ainsi que de chants de soldats. [8] Thierry Bouzard, Chants légionnaires », in André-Paul Comor dir., Dictionnaire de la Légion étrangère, Robert Laffont, 2013. [9] Pas tout à fait les premiers puisque la promotion Roi Albert 1er » avait édité un 78 tours en 1935. [10] Témoignage du colonel Jean Luciani, in Thierry Bouzard, Histoire du chant militaire français, Grancher, 2005, p. 244. [11] Képi blanc n° 44, novembre 1950, p. 3. [12] Képi blanc n° 45, décembre 1950, p. 10. [13] Capitaine Vincent Saint-Denis, Typologie du chant Légion », mémoire de dea, université Paul-Valéry-Montpellier-II, 1997, note p. 15. Le Capitaine Hallo avait réalisé en 1946 le recueil Chansons de la grande équipe regroupant des chansons de circonstance composées à la Légion pendant la Seconde Guerre mondiale. Il réalise le premier recueil de chants édité par Bel-Abbès en 1959. [14] 78 tours, Képi blanc LE1/LE2, Peloton 1A du 1er rei, Bel-Abbès, 1950. [15] Carnet de chansons du 1er escadron du 1er rec, imprimerie des faeo, sans date vers 1952. [16] Père Just de Vesvrotte, Chante Légion, aumônerie catholique de la Légion au Tonkin, 1951, 1952, 1953. [17] shd, carton 1S7. [18] Les casquettes sont là, 25 cm, Philips, B 76 480 R, 1958. Il est enregistré sous le commandement du colonel Trinquier, mais a été préparé et conçu sous son prédécesseur. Bernard Edinger, Soldats sur la bonne voix », TIM n° 205, juin 2009, pp. 44-47. [19] Avant de devenir l’un des Quatre Barbus, Pierre Jamet avait participé en mars 1933 à la création de la chorale de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires aear, fondée par Paul Vaillant-Couturier, rédacteur en chef de L’Humanité. [20] Gory sale », immonde » et non glory gloire » plus conforme aux paroles d’origine What the Hell of a Way to Die Quelle putain de façon de mourir ». [21] EMIA Capitaine Bourgin, 25 cm, 1962. [22] [23] Sa mélodie a pour origine un chant de la guerre de Sécession Ellie Rhee. [24] Adeline Sannier-Poussin, Le Chant et sa pratique actuelle dans les troupes de Marine », mémoire de master 2, Université de Poitiers, 2006. [25] Michèle Perret, Introduction à l’histoire de la langue française, 4e éd., Paris, Armand Colin, 2014. [26] Lettre du 23 mars 1989, n° 01137/def/emat/ins/fg/68. [27] Bulletin officiel du ministère de la Guerre, 1910, 1er vol., p. 1491. [28] Jean Guisnel, L’armée de terre connaît la chanson », Le Point, 12 décembre 2011. [29] Alexis Neviaski, Képi blanc, casque d’acier et croix gammée, Paris, Fayard, 2012. [30] Léon Lehuraux capitaine, Chants et chansons de l’armée d’Afrique, Éditions Soubiron, 1933, pp. 108-110.
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Les réactions se poursuivent suite au tweet du député UMP Jean-Sébastien Vialatte. Christian Jean-Etienne, président du Comité Devoir de Mémoire Martinique Le Comité Devoir de Mémoire de Martinique condamne avec force les déclarations racistes de M. Jean-Sébastien Vialatte, député UMP du Var à propos des violents affrontements survenus lors de la fête du Paris Saint Germain, champion de France de Ligue 1, au Trocadéro. Le député déclare Les casseurs sont sûrement des descendants d’esclaves ils ont des excses Taubira va leur donner des compensations ». De tels propos sont inadmissibles de la part d’un député élu par le peuple. Ils insultent, à quelques jours des dates commémoratives de l’abolition de l’esclavage, la mémoire de nos ancêtres esclaves et témoignent de la présence des vieux démons racistes enfouis au sein de cette catégorie de personne. Le Comité Devoir de Mémoire réclame que ces propos soient sanctionnés avec sévérité et exemplarité afin de décourager d’autres comportements de ce type. Réaction de la délégation interministérielle à l’égalité des chances des français d’Outremer M. Vialatte ne peut pas persister dans l’ignorance que l’histoire de l’esclavage est l’histoire de France. » La délégation interministérielle est particulièrement scandalisée par les propos tenus sur Twitter par M. Jean-Sébastien Vialatte, député du Var, qui bien plus qu’ une stupide connerie » sic., sont une offense faite au peuple Français, dont il est un des représentants. Il ne suffira pas ici de retirer le tweet infâme ou d’exprimer ses regrets, mais bien de demander pardon aux Françaises et aux Français, descendants d’esclaves ou non, ultramarins ou non. M. Vialatte ne peut pas persister dans l’ignorance que l’histoire de l’esclavage est l’histoire de France. Les esclaves autant que les Gaulois sont nos ancêtres et nous sommes tous et toutes des descendants d’esclaves. Et il serait bien périlleux de croire que, parmi les électeurs de la 7éme circonscription du Var, il n’y aurait pas de descendant d’esclave. Cette filiation ne se lit pas sur le visage, n’en déplaise à certains. Telle personne, que M. le Député classerait volontiers dans la catégorie des descendants d’esclaves peut être fils ou fille de Reine ou de Prince, tandis que telle autre peut être d’une lignée d’engagés ou de serfs sans que cela ne se remarque. Au-delà de la nécessaire réaction des parlementaires, les citoyennes et les citoyens que nous sommes doivent se poser la question du choix des personnes que nous désignons pour nous représenter, c’est- à-dire pour s’exprimer et agir en notre nom. M. Vialatte, par son tweet, a fait parler les électeurs et électrices de la 7ème circonscription du Var, y compris celles et ceux, nombreux, qui honoreront la mémoire de leurs ancêtres le 23 mai prochain. L’électorat de M. Vialatte doit se poser cette question, et le groupe Force outre-mer serait bien inspiré de demander à l’UMP un geste symbolique pour réparer l’outrage. Réaction de Frédéric Béret, Premier Secrétaire de la Fédération socialiste de la Martinique Suite aux évènements du Trocadéro, survenus lors du sacre de l’équipe de Paris Saint-Germain, le Député Jean-Sébastien VIALATTE a jugé bon de publier un tweet dans lequel il faisait un dangereux et non moins scandaleux amalgame entre la mémoire de l’esclavage, les demandes de réparation, et les violences commises par certains manifestants n’ayant rien de vrais supporters du Lorsqu’un Député, représentant de la Nation, s’exprime en des termes aussi injurieux, aussi extrémistes, on peut logiquement s’inquiéter quant à ces dérives et tout ce qu’elles peuvent entraîner… Monsieur VIALATTE affiche donc une violence encore plus condamnable que celles qu’il prétend lui-même dénoncer. Bien qu’ayant supprimé son tweet par la suite, le mal est bien fait, et ces excuses sont irrecevables Monsieur le Député VIALATTE mérite d’être poursuivi et puni, et à la nous espérons qu’il le sera. La Fédération Socialiste de Martinique s’indigne et dénonce fermement les écrits du Député VIALATTE,et réclame des sanctions à son encontre » Réaction de Didier Laguerre, Secrétaire Général du Parti Progressiste Martiniquais Le Parti Progressiste Martiniquais tient à manifester sa profonde indignation face aux propos injurieux et outrageants tweete, ce jour par le député de la République, Jean-Sébastien Vialatte, assimilant les casseurs de la fête du sport à des descendants d’esclaves. Ces propos témoignent, s’il en était encore besoin, du profond mépris et du racisme érige en esprit de système chez certains représentants de la souveraineté nationale. Ils démontrent, même supprimés, la banalité de telles considérations et le refus intrinsèque de certaines élites d’accepter la réalité multiculturelle de la nation française. Le PPM en appelle a la vigilance de tous les instants face a la recrudescence du racisme et au sursaut pour rester fidèle à la voie tracée par Aime Césaire a savoir une négritude ouverte par la connaissance de soi et le respect réciproque.tk1A.